Le duo Hollande-Ayrault va-t-il remercier le ciel (républicain) pour les hasards du calendrier? Ce vendredi soir, débute en France le congé scolaire d’automne. Il tombe bien, pour le pouvoir en place. Qui peut espérer que cette pause casse une mobilisation qui, dans les écoles, vient de reprendre vigueur.
Depuis plusieurs semaines, déjà, la grogne y faisait rage, à propos de la réforme des rythmes scolaires. Jeudi, un nouveau front est venu s’y ajouter. Motivé par “affaire Leonarda”, du nom de cette jeune Kosovare Rom, collégienne dans le Doubs (Franche-Comté), et qui a récemment été expulsée.
Après Leonarda, Khatchik
L’affaire avait, mercredi, causé une tempête politique, au cœur de laquelle s’était trouvé le ministre PS de l’Intérieur, Manuel Valls. Le lendemain, elle a incendié les écoles. Le mouvement, parti de Paris, a gagné la banlieue puis la province (Avignon, Grenoble, etc.). Nombre d’établissements ont été bloqués ou perturbés par des opérations de soutien à la jeune Rom. Dans la capitale, les forces de l’ordre ont dû faire usage de gaz lacrymogène pour disperser les plus agités parmi les milliers de lycéens qui manifestaient aux cris de “Valls, dehors!”, ou “Nous sommes tous des sans-papiers!” Outre celui de Leonarda, un autre prénom a été scandé. Khatchik: Arménien sans-papiers âgé de 19 ans, lycéen à Paris jusqu’à son renvoi, samedi, vers son pays d’origine – où il risque la prison, pour désertion.
Les syndicats étudiants et lycéens sont très remontés. Jeudi, ils ont reçu le soutien à la fois de la principale fédération de parents d’élèves, et des syndicats enseignants. Le syndicat SNES, par exemple, s’est dit “écœuré” par le cas de Leonarda. Il exige “que le droit universel des enfants à l’éducation prime sur toute autre considération”, y compris sur les questions de séjour, autorisé ou non. Tous ont prévu de manifester à nouveau ce vendredi. Résolus à refuser toujours des policiers dans ou aux abords des écoles. Et convaincus qu’en matière d’expulsion de sans-papiers scolarisés, “Valls refait la même politique que Sarkozy” – dixit un leader lycéen, jeudi.