Avec la fermeture du centre de rétention administratif de Bordeaux, les sans-papiers voyagent avant l'expulsion. Destination Toulouse ou Nîmes selon les places. Ils se retrouvent parfois dans l'impasse.
Tribunal d'Angoulême il y a quinze jours. Deux voitures de police banalisées, six fonctionnaires pour deux Indiens qui viennent d'être placés en rétention administrative en attendant leur éventuelle expulsion. Direction Nîmes. Retour dans la nuit pour les policiers, à peine mieux lotis que leurs collègues qui se sont payé une virée à Rouen.
Depuis que le centre de rétention de Bordeaux a brûlé, les destinations pour les sans-papiers en attente de reconduite à la frontière se sont sensiblement éloignées. «L'éloignement, c'est une difficulté, concède le commissaire Cédric Esson, patron des policiers charentais. Mais on a des escortes prévues pour cela.» Trois fonctionnaires au minimum pour une vacation complète de huit heures à chaque transfert. «Mais ce n'est pas si fréquent que cela», tempère le commissaire.
Depuis le début de l'année, le local de rétention - une cellule améliorée aménagée au commissariat d'Angoulême - a accueilli une quinzaine de sans-papiers pour une durée de vingt-quatre à quarante-huit heures. Et tous ne sont pas partis en rétention administrative. Le juge des libertés et de la détention en a libéré quelques-uns, en a placé d'autres en assignation à résidence en attendant qu'ils quittent d'eux-mêmes le territoire.
En 2009, seuls quatorze étrangers en situation irrégulière ont fait l'objet d'une mesure d'éloignement forcé, accompagnés à la frontière par les forces de police. Des chiffres à la mesure du département. À la préfecture, Philippe Delvolvé, le directeur de cabinet du préfet, ancien juge administratif chargé des reconduites à la frontière, se souvient qu'en poste à Marseille, c'est le nombre de dossier qu'il traitait en une semaine.
Ce qui n'empêche pas le collectif de soutien aux sans-papiers de manifester en silence chaque mois, de rencontrer presque aussi souvent le directeur de cabinet pour lui soumettre des dossiers de régularisation. «Je ne sens pas de tensions en Charente», affirme Philippe Delvolvé. Ce qui ne veut pas dire mansuétude accrue. «On n'expulse pas les personnes vulnérables, malades. On ne va pas chercher les familles à la sortie des écoles, insiste le directeur de cabinet. Mais on ne peut pas non plus relâcher l'effet. Sinon, il n'y aurait plus de crédibilité de la législation sur les étrangers.»
Ce qui ne signifie pas non plus «chasse à l'étranger», dit-il encore. «Les forces de l'ordre ont aussi autre chose à faire que de chercher les étrangers. Ce n'est pas une obsession. Mais si lors d'un contrôle une personne est dans l'illégalité, on interpelle. Les étrangers en situation irrégulière, c'est aussi une forme de délinquance.» (...)
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