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Qui Sommes-Nous?

  • : Le blog de Fontenay pour la Diversité
  • : Blog du Collectif Fontenay pour la Diversité - RESF Fontenay-sous-Bois
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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 21:53

Sous le fracas de la casse de l’hôpital, de la justice, de la culture pour le plus grand nombre, d’un "grand emprunt" d’une valeur de deux ou trois années de paquet fiscal à rembourser par tous, court le ruisseau de l’étranglement progressif des pauvres d’entre les pauvres : les étrangers dont on veut bien le travail mais pas la présence. On ne peut quand même pas les enfourner tous dans les trains, les bateaux, les avions…

 

Mohamed El Megder a eu 43 ans le 5 novembre 2009. Marocain vivant en France depuis l’âge de 20 ans, il a fini par fonder une vie de famille au début des années 2000. Avec sa compagne ils ont eu quatre enfants. Sans papiers, la vie est rude. La régularisation reste l’horizon administratif pour lequel on se bat.


Lundi 7 décembre 2009, il répond à une convocation de la Préfecture de Police, au redouté 8ème bureau, chargé des personnes sous le coup d’une décision d’expulsion. Il a apporté ce qu’on lui demandait : preuves de présence en France, deux photos d’identité et justificatifs de domicile. En guise de réception, il se retrouve soudain menotté, puis conduit manu militari au Centre de Rétention Administrative (CRA) de Vincennes, en exécution d'une Interdiction du Territoire Français (ITF) vieille de cinq ans ! Il avait certes fait quelques bêtises, mais il avait "payé sa dette à la société". Cette arrestation - qui plus est, déloyale - est une forme de cette double peine dont on veut nous faire croire qu’un ministre de l’Intérieur l’aurait abolie en 2003.

 


Le RESF se mobilise pour tenter d’arracher monsieur El Megder à l’enfermement et le rendre à sa famille. Finalement, la Justice passe et il est libéré le samedi suivant, 11 décembre. Quatre jours plus tard, fauché par une voiture, il est tué sur le coup. C’était mardi dernier.

 

Coup du sort ? Mauvaise chance ? Voilà un homme qui s’est rangé, qui travaille dur, dans des conditions hostiles, pour assurer une vie digne à sa famille, et qui a été trompé par l’administration dont il attend son salut. Puis contraint à abandonner femme et enfants. Sa nouvelle vie cassée en quelques secondes. Dans quel état sort-il de ce maelström ?

 

Bien sûr, on aura des explications techniques sur l’accident mortel, mais ce destin brutal est emblématique des innombrables dégâts produits par une loi qui n’a presque rien à offrir à ceux qui souhaitent tout simplement vivre ici comme tout le monde.

 

On tue l’espoir à petit feu. On refuse le droit au séjour une fois, deux fois, trois fois. On délivre des titres de séjour n’autorisant pas à travailler. Plutôt que de pousser les patrons à faire régulariser leurs salariés, on les contraint à les licencier. Travail au noir, travail précaire, vie précaire, fragilisée, mise en danger. Les survivants sont des héros.

 

Il y a les individus, mais il y a aussi les associations et organisations qui tentent d’agir aux côtés de l’Etat pour le respect de la loi ou la compréhension de ce qui se joue réellement dans l’immigration. L’air commence à manquer de ce côté-là aussi.

 

Malgré les résistances, la présence d’associations auprès des personnes placées dans les CRA par la police en vue de leur expulsion risque bien de se limiter à l’information sur leurs droits, alors que jusqu’ici il s’était agi de les aider à accéder à ces droits.

 

L’association "Soutien, solidarité et actions en faveur des émigrants" (Ssaé) est la dernière forme prise par l’ancien Service social d’aide aux émigrants fondé en 1926. Les missions de service public d’accompagnement social individuel ayant pris fin en 2005, le Ssaé s’est réorientée vers une mission ambitieuse :

"Il contribue à la connaissance des migrations, à changer les regards, à promouvoir le vivre ensemble :

- en proposant une plate-forme ressources rassemblant intervenants sociaux, collectivités territoriales, organismes de protection sociale, entreprises, militants associatifs ou syndicaux...

- en participant au débat public sur la place en France et en Europe des étrangers autour de questionnements divers portant sur l’accueil, le lien social, la diversité, le développement... "

 

Dans un communiqué, la Ssaé annonce la cessation de ses activités. Malgré des parrainages prestigieux, l’association doit prendre acte de " l'absence de soutien de la part des nouvelles agences de l'État chargées de la mise en œuvre des politiques d'immigration ou de promotion de l'égalité des chances. (…) Le soutien très encourageant de certaines grandes collectivités territoriales ou métropoles n’a pas suffi, dans le délai imparti, pour prendre partiellement la relève budgétaire d'un État défaillant."

 

Martine et Jean-Claude Vernier - mediapart.fr

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 11:46

Daniel, 8 ans, s'agite, gesticule, montre son bras. "C'est qu'il n'a pas envie de se faire vacciner", explique Samuel, 6 ans, l'air espiègle. Malgré sa timidité à parler en français, Daniel n'a pas l'air d'être du genre à avoir peur d'une piqûre. Les garçons, joueurs, l'attendent en réalité avec impatience, ce vaccin. La piqûre en question ne les protégera pas de la grippe A, mais de la diphtérie, du tétanos et de la poliomyélite. DT-Polio, précieux sésame, obligatoire pour toute inscription à l'école.

Originaires de Roumanie, Daniel et Samuel vivent depuis quatre ans en France. Au fil des pérégrinations de leurs familles et des expulsions policières, ils n'ont encore jamais eu l'occasion d'aller à l'école ni de perfectionner leur français. En revanche, ce sont les champions de la débrouille : monter et démonter des tentes, trouver de l'eau sur des terrains non raccordés, allumer un feu… Ça, c'est de leur ressort. (…)

 

Lire la suite et voir la video sur lemonde.fr

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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 07:53

Une jeune femme d'Auterive de 28 ans est aujourd'hui sans papiers alors qu'elle vit à Auterive depuis 25 ans.

Ses proches expliquent : «Née à l'étranger, cette jeune femme est mère de deux enfants de père français nés en France.

Elle est arrivée avec son tuteur légal à Auterive à l'âge de trois ans et a fait toute sa scolarité dans la région où elle a obtenu deux CAP.

Devenue majeure, sans plus aucun lien avec son pays d'origine depuis de très nombreuses années, elle est maintenue dans une « situation irrégulière » par les services de la Préfecture.

Ils lui refusent, en effet, un titre de séjour car elle est la victime impuissante de règles de séjour de plus en plus restrictives.

Devenue « irrégulière sans papiers », elle subit avec sa famille la précarité sociale car elle n'a ni droit au chômage ni droit au travail, les titres de séjour temporaires ne lui permettant pas d'avoir un emploi stable.

Elle subit aussi la précarité administrative en raison de la lourdeur des démarches administratives et des refus non motivés de la préfecture de lui fournir un titre de séjour définitif.

Faute de papiers, elle n'a pas non plus le droit de s'inscrire au permis de conduire.

Elle ne peut pas vivre sereinement auprès de son compagnon et de ses enfants car elle est devenue, «du fait des services administratifs ,une clandestine dont la France devrait se prémunir.

On est aujourd'hui très loin des traditions d'accueil qui lui avaient permis d'échapper à la misère par l'accueil dans une famille auterivaine alors qu'elle était enfant.

«Les services préfectoraux s'honoreraient de la régulariser. »

Source : ladepeche.fr 

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4 décembre 2009 5 04 /12 /décembre /2009 20:58
Marie (*), 26 ans est déjà douloureusement marquée par la vie. Née au Congo Kinshasa, sans-papiers, mère de deux enfants (4 ans et 6 ans), elle erre de foyer en foyer.

Denis Chaumereuil


Tout débute sur sa terre natale, en Afrique. Sa maman décide de partir en France et la laisse à son père. Il est Rwandais et comme ses compatriotes, n'est pas bienvenu au Congo Kinshasa. Il est pourchassé par les autorités. Il est dénoncé, alors qu'il travaillait, et arrêté.

Marie va à l'école. Un jour, elle fuit car elle « n'est pas bien » dans sa tête. Elle se réfugie chez sa belle-mère. Mais son oncle, militaire, la récupère, ainsi que son jeune frère, soi-disant avec l'accord de leur mère. C'est alors que l'enfer commence.

Le frère devient de force enfant soldat. Elle subit régulièrement les abus sexuels de son oncle.

« J'étais enfermée dans ma chambre toute la journée », raconte-t-elle avec une douleur qui se lit dans ses yeux. « Il me disait qu'il contactait ma mère régulièrement, mais je sais que c'était faux. »

Un jour de lessive, elle trouve dans une poche un morceau de papier. « Dessus, il y avait une lettre, qui correspondait à l'initiale du prénom de ma mère, et un numéro de téléphone. Je le garde et le cache ». C'est alors qu'elle entend des personnes dans la maison. Elle sait que son oncle n'est pas parmi elles « Alors, j'ai frappé très fort contre la porte de ma chambre. Ils l'ont forcée. Je pleurais, j'avais faim. »

« Ils m'ont libérée en me demandant de ne rien dire. » Ses sauveurs veulent prévenir la police, mais Marie ne veut pas, par crainte de représailles contre sa famille. Elle est mise en sûreté dans une autre maison et elle leur montre le numéro de téléphone.

Ceux qui ont eu le courage et l'humanité de la libérer composent ce numéro. Elle peut parler à sa mère. « Une quinzaine de jours plus tard, ma maman a envoyé l'argent de mon billet d'avion pour la France. » Mais elle n'a pas de passeport et c'est avec celui d'un autre qu'elle s'envole, direction Paris. Nous sommes en 2001. À Roissy, après vérification de ses papiers, l'usurpation est démasquée par les autorités. Bien qu'elle soit mineure, elle restera neuf jours en centre de rétention. Sa maman est prévenue. Cette dernière multiplie les démarches devant la justice, s'assure les services d'un avocat.

Elle n'obtient qu'un sauf-conduit de quelques jours. Marie rejoint le domicile de sa maman, à Paris. Elle y retrouve ses autres frères. Mais la famille n'est pas au complet. La mère décide donc de retourner en Afrique pour récupérer celui qui est resté au pays. Elle ne le trouvera pas.

Marie n'a toujours pas de papiers. En 2002, elle prend attache auprès de la préfecture. On lui remet un formulaire de demande d'asile mais elle est mineure, et ne peut donc entamer ce type de démarche elle-même.

Elle grandit et rencontre un homme, lui aussi Africain, lui aussi sans-papiers. Ils s'installent en couple. Il lui donne deux enfants. « Je les voulais vraiment », insiste-t-elle. Mais vivre à Paris, avec deux bambins, sans ressources, est très difficile.

Son compagnon a un ami à Nevers et c'est grâce à lui que cette famille débarque dans la cité ducale, en février 2009. Il leur trouve même un logement qui sera loué au nom de son compagnon. Ce dernier monte régulièrement à Paris pour trouver du travail, mais ce n'est pas la seule difficulté à laquelle Marie sera confrontée. Elle est souvent battue par cet homme ! Elle le quitte et se retrouve, avec ses deux enfants, dans un foyer.

Dans le même temps, l'homme rend les clefs du logement à la propriétaire.

Mais un foyer est loin d'être l'idéal pour elle, encore moins pour ses enfants, qui sont scolarisés. Elle retourne voir la propriétaire et récupère le logement, qui est alors mis à son nom. Elle paye le loyer grâce à une allocation versée, pour le compte des enfants, par le Conseil général de la Nièvre. Étant sans-papiers, elle ne peut pas ouvrir de compte en banque. L'allocation versée par chèque, est donc encaissée par le MRAP qui, ensuite, lui remet le montant, en liquide.

Les choses semblent se stabiliser un peu jusqu'au moment où cette allocation n'est plus versée. La situation se complique et elle doit quitter son logement. Retour à la case départ, c'est-à-dire dans un foyer, en dehors de Nevers. Nous sommes à la période de la Toussaint. Tous les jours, elle devait prendre le bus pour conduire et récupérer ses enfants à l'école. Chaque fois, il lui en coûte 8 ?. Puis tout s'enchaîne et, début novembre dernier, un arrêté de reconduite à la frontière est pris à son encontre.

Le Collectif contre l'expulsion d'enfants et d'adolescents scolarisés qui suit son dossier n'a qu'un mois pour déposer un recours devant le tribunal administratif. Cette démarche rend l'arrêté suspensif mais Marie peut être, à tout moment, placée en centre de rétention. Quant à ses enfants, ils seraient alors confiés aux services sociaux.

Pourtant, sa maman, qui vit toujours à Paris, dispose d'une carte de résident de dix ans. Elle a pu fournir l'acte de naissance de sa fille. Mais depuis quelques jours, Marie est censée avoir quitté le territoire français. Retourner au Congo Kinshasa ? Son père est mort et il est hors de question de retomber dans les griffes de son oncle. Du côté des services du Département, l'assistante sociale a obtenu un mois d'allocation (c'était le mois dernier(). Mais c'est un peu comme « reculer pour mieux sauter ». Pourtant, elle fait tout pour s'intégrer dans notre société.

Depuis plusieurs semaines, elle prend même des cours à l'Association familiale de prévention et de lutte contre l'illétrisme (Afpli). Pour autant, elle n'est pas maîtresse de son destin?

Aujourd'hui, Marie ne sait jamais, d'un soir à l'autre, où elle va dormir, si un foyer va l'accepter, comment elle va nourrir sa petite famille. Elle peut rester plusieurs heures sur le trottoir, dans le froid et sous la pluie, ses enfants blottis contre elle en espérant un toit.

« Je ne vais pas bien dans ma tête ; tout ça me fait mal. Mes enfants pleurent souvent. Ils ont faim et me demandent si on aura une maison à nous. » 

(*) Nous avons volontairement changé son prénom.

Source : lejdc.fr 

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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 21:37

Cet Algérien est inexpulsable mais n'a aucun droit. Dans le dénuement le plus complet, il sollicite une régularisation humanitaire.

« Une fois, je me suis couché devant une voiture en plein milieu du Pont-Neuf, mais elle s'est arrêtée… Je ne veux pas rester toute ma vie comme ça. Sinon, je me jette dans le Tarn. On ne parlera plus de moi et cela fera un Arabe de moins en France. » Du courage, Nordine Djelida en a. Il l'assure. Mettre fin à ses jours, cela ne lui serait jamais venu à l'esprit. Mais cet Algérien de 43 ans ne sait plus comment sortir de l'impasse qu'est devenue sa vie. « C'est une situation sans solution. Il ne peut pas travailler et est à la rue. Un logement, sans ressources, il ne faut pas y penser. Il n'a plus aucune reconnaissance. Il est exclu de tout. Il faut entendre sa souffrance », appuie Philippe Brosset, directeur de l'association Aide et accueil en Albigeois. À la fois sans papiers et inexpulsable, car père d'un enfant français, Nordine Djelida n'a aucun droit, à part l'aide médicale d'État consentie aux étrangers en situation irrégulière.

Dans le dénuement le plus complet, il survit en faisant la manche à la sortie des messes, les samedis et dimanches, devant les églises de Saint-Joseph et Saint-Martin. « Je suis musulman, mais je tiens grâce à l'aide des chrétiens, à l'Entraide albigeoise et à deux frères épiciers avenue Colonel-Teyssier. J'ai honte, quand je me rappelle mes débuts. »

Remontons vingt ans en arrière : « J'étais greffier à la cour d'appel de Mostaganem. En 1990, les terroristes ont assassiné deux de mes collègues. J'avais un bon boulot. Il me fut facile d'obtenir un visa pour la France. Je ne suis jamais reparti », raconte Nordine.

En 1991, il s'est marié avec Djamila, une Albigeoise. Le couple a fait long feu, mais elle lui a donné un fils. De fin 1992 à la mi-94, Nordine a tenu une petite entreprise de maçonnerie. Débouté du droit d'asile, on a tenté de l'expulser mais il s'est rebellé dans l'avion. «Le commandant de bord a refusé de me prendre. Ce refus d'embarquer m'a valu un an de prison à Lyon. Pourtant, je n'ai jamais ni volé, ni trafiqué… Mon casier judiciaire est vierge. » C'était à l'époque où Charles Pasqua était ministre de l'Intérieur, à son tour condamné le 27 octobre dernier à un an ferme dans le procès de l'Angolagate. Nordine fait le rapprochement avec un certain sourire.

C'est un homme cultivé qui parle et écrit cinq langues : hollandais, anglais, arabe, français et allemand.

Son seul espoir, ce qu'il demande « au pays des droits de l'homme, c'est une régularisation humanitaire. Mon fils a besoin de moi », plaide-t-il, très fier d'Ali, « lycéen de 17 ans et footballeur à l'US Albi. Il est doué pour le sport comme son père. J'étais un musclé. Je courais. J'ai même fait le marathon d'Albi. » Il en entame un autre, cette quête du Graal des papiers. Il est venu à «La Dépêche», espérant «faire bouger, que les gens aient du cœur, que l'on me fasse ce cadeau de Noël: des papiers, enfin.» (...)

Lire la suite sur ledepeche.fr

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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 21:35

Zhou Yu a bien failli retrouver la Chine, son pays natal, qu'il n'a plus revue depuis dix ans. Mais son expulsion, prévue pourtant la semaine dernière, a été annulée in extremis. Mardi 24 novembre, Zhou Yu a été transféré du centre de rétention d'Hendaye, où il venait de passer un mois, à l'aéroport de Roissy, où un avion l'attendait, direction Pékin. Selon son témoignage, c'est vers 17 h 30, alors qu'il se trouvait dans les bureaux de la police aux frontières de l'aéroport, qu'est arrivée la consigne du cabinet du ministre de l'Immigration d'annuler son expulsion. Ainsi s'achevait, de manière presque inattendue, le périple de Zhou Yu dans les Pyrénées-Atlantiques, où il était venu étudier la cuisine basque.

Arrêté dans le train

Car l'ancien étudiant en littérature française à Shanghai n'est pas un simple amoureux de Victor Hugo. Depuis quelques années, il s'intéresse à la gastronomie française, avec le projet d'écrire un livre sur ce sujet pour les innombrables lecteurs chinois. Jusqu'à présent, son périple gastronomique en France s'était déroulé sans encombre. Cet été, on a pu le croiser chez Michel Trama, à Puymirol (47), ou encore chez Michel Guérard à Eugénie-les-Bains (40). Zhou Yu avait gardé pour l'automne l'étude des innombrables spécialités basques. Mais, à peine débarqué à Biarritz fin septembre, ce Chinois de 37 ans - qui vit dans la région parisienne depuis 1999 - n'aura eu le temps que de visiter le restaurant Les Rosiers. C'est en se rendant à Saint-Sébastien qu'il sera arrêté, dans le train, à la frontière, par les agents de la PAF.

Policiers « rassurants »

« Au début, les policiers étaient rassurants. Ils me disaient que tout devait s'arranger », explique-t-il. Oui, mais voilà. Même s'il vit depuis dix ans en France, comme étudiant, puis comme interprète et enseignant en chinois, Zhou Yu n'a pu fournir aucun titre de séjour.

Le ton rassurant des débuts a très vite changé, et le trentenaire s'est retrouvé dans le centre de rétention pour étrangers d'Hendaye. « En fait, c'était la première fois que je me faisais arrêter. Je me suis même rendu à Bruxelles sans problème », raconte calmement le Chinois qui voudrait tant être français. Zhou Yu, il est vrai, n'est pas du genre à se cacher. On l'avait même vu longuement en 2005, lors d'un reportage pour « Ça se discute », l'émission de Jean-Luc Delarue, où il rencontrait une petite Française qui rêvait, elle, de « devenir chinoise ».

Autant d'arguments qui n'ont pas porté au moment d'examiner son recours, formé à la suite de l'arrêté de reconduite à la frontière pris par le préfet des Pyrénées-Atlantiques.

Mobilisation

C'est plutôt à la mobilisation lancée par son avocate paloise, Me Isabelle Casau, et reprise par des associations gays et lesbiennes parisiennes, qu'il doit l'intervention du ministère. (...)

Lire la suite sur
sudouest.com 

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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 22:19

Préfecture de Bobigny, 9 h du matin. Une longue file humaine se termine en un goulot d’étranglement : deux employées de l’administration préfectorale "trient" ceux qui patientent. L’une d’elles :

Voix revêche : « Monsieur, on présente les papiers correctement ! Moi aussi, j’ai un problème, mais ce n’est pas une raison pour ne pas présenter les papiers correctement. »

(Ouvre les papiers et les retourne en tous sens.)

Plus énervée : « Non, Monsieur, amenez-moi un certificat médical ! NON, amenez-moi un certificat médical, MONSIEUR ! »

(Rend les papiers, se campe sur ses ergots.)

Carrément excédée : « Un certificat médical, vous comprenez ? Ou alors, est-ce qu’il faut un policier pour vous expliquer ? Au revoir, Monsieur. AU REVOIR, j’ai dit ! »

(Vérifie que l’intéressé tourne bien les talons ; passe au suivant dans la file.)

Tranchante : « Il fallait venir avec un justificatif. Vous PARTEZ et vous revenez avec un justificatif. ALLEZ, vous sortez de la file ! »

(À nouveau, le suivant.)

S’adoucissant un brin : « Vous avez un récipissé, Madame ? Oui ? Allez-y, guichet deux. »

(Sent une présence derrière elle et se retourne ; découvre le carnet de notes et le stylo qui s’agite ; interpelle sa supérieure, qui observe l’opération de tri.)

Plaintive : « Madame Anne, MADAME ANNE. Vous pouvez faire partir le journaliste ? »

(Échec ; se retourne vers le scribouillard ; aboie.)

Très agressive : « Reculez, MONSIEUR, ou je porte PLAINTE contre vous ! »

(Échec derechef ; se recule de quelques mètres pour ne plus être entendue ; continue son office ; trie.)

Tous le confirment. Ceux des étrangers qui n’en sont pas à leur première visite et ont eu déjà maille à partie avec les employés de la préfecture. Et ceux des militants qui ont pu observer le déroulement de l’opération. Unanimes à pointer la façon infecte dont on les traite. « Les gens de l’administration se comportent pis que des flics. Et encore, ils se sont améliorés ces derniers jours en raison de notre présence. D’ordinaire, c’est pire, les habitués le disent tous », explique une membre du Réseau Éducation Sans Frontières (RESF).

D’ordinaire ? Comprendre : quand le réseau ne pointe pas le bout de son nez, tentant d’attirer l’attention sur le traitement réservés aux étrangers de Seine-Saint-Denis souhaitant se mettre en conformité avec la loi (demande de titre de séjour, renouvellement et délivrance). Quand il n’organise pas une conférence de presse sur le sujet, aussi [2]. Et quand ses militants ne font pas office d’observateurs des tristes usages de l’administration, enfin.

L’ordinaire, ce sont ces hommes qui accostent les gens, à quelques centaines de mètres de l’entrée de la préfecture de Bobigny, pour vendre des places - gardées à cet effet par d’autres - dans la file :« 20 €. Je te vends place, 20 € ». Ce sont ces deux files qui s’étirent dans la nuit, depuis l’entrée des bâtiments jusqu’à loin, loin derrière. Ce sont ces gens qui patientent dans le froid, debout, calmes, immobiles : patients. Ce sont ces hommes et femmes qui commencent à attendre la veille, à 20 h pour les premiers, à quatre-cinq heures du matin pour un grand nombre, afin d’être sûrs de pouvoir approcher un guichet et de faire avancer leur dossier. Ce sont - enfin - ces quelques employés de l’administration opposant visage fermé (sourire ? Parler humainement ? Et puis quoi encore ?) et gant de fer en réponse à la détresse de ceux qui, insignifiants, n’ont aucun moyen d’exiger un minimum de respect. (...)

Voir les photos et lire la suite sur Article XI 
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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 21:37

Venu de nulle part, le sujet des "mariages gris" lancé par Eric Besson ? Oh que non. Le ministre se contente de relayer le lobbying de la très peu connue Association nationale des victimes de l’insécurité (ANVI), laquelle lui a fourni "clés en main" témoignages et argumentaire. Et qu’importe si cette officine, proche de l’influent Institut pour la justice, se révèle bien peu recommandable…

Chercher, fureter, grattouiller, fouiller en permanence, dénicher de nouveaux angles, trouver des biais originaux… c’est simple : la tâche d’Eric Besson est un véritable apostolat.

Et il faut reconnaître à l’homme un certain talent pour alimenter l’ignoble moulin de l’identité nationale et pour faire tourner sa petite machine identitaire.

Ainsi du nouveau joujou médiatique, lancé hier en grandes pompes et lors d’une conférence de presse au ministère de l’Immigration, des mariages gris, unions censément conclues « entre un étranger et une personne de nationalité française de bonne foi, abusée dans ses sentiments par un(e) étranger(e) dont l’objectif est d’obtenir titre de séjour ou nationalité française ».

De prétendues « escroqueries sentimentales à but migratoire » auxquelles Eric Besson, faute de chiffres et statistiques sur la question, a donné corps en s’appuyant sur la présence d’une cinquantaine de victimes revendiquées.

Soit autant de témoignages livrés sur un plateau aux médias présents et destinés à prouver la justesse du nouveau combat du ministre.

Lequel a aussi mis en avant une certaine Blandine Jullian, présidente de la très méconnueAssociation nationale des victimes de l’insécurité (ANVI), invitée à prononcer un discours sous les ors du ministère au cours duquel elle a notamment appelé à « modifier l’institution du mariage, concernant un mariage entre français et étranger, en tenant compte de l’atteinte à l’honneur, la dignité de la personne humaine, du fait qu’elle a été instrumentalisée à des fins migratoires » et à« introduire de façon obligatoire la séparation de bien dans le régime matrimonial, pendant cinq ans ».

Oui : rien de moins.-

Si la mise en avant par Besson des "mariages gris" a suscité des réactions logiquement indignées, personne ne semble surpris de voir débouler dans le jeu de quilles de l’identité nationale une association jusqu’alors pratiquement inconnue, ni ne paraît s’étonner de la tribune ministérielle accordée à l’étrange Blandine Jullian.

Un silence regrettable, tant "le parachutage" de l’association et de sa présidente dans le débat public est instructif.

En ce qu’il révèle sur la façon dont le ministre et son cabinet mènent l’opération identité nationale, rebondissant sur chaque sujet susceptible de troubler le débat et de jeter le discrédit sur l’immigration.

Et en ce qu’il témoigne de la place croissante accordée à des associations de lobbying, officines s’étant données pour seul objectif le vote de lois toujours plus répressives.


Mariages gris : l’Association nationale des victimes de l’insécurité sonne le tocsin

Pour ce grand coup de projecteur sur les "mariages gris", tout débute lors du rendez-vous obtenu par l’Association nationale des victimes de l’insécurité (ANVI), le 9 octobre dernier, au ministère de l’Immigration et de l’identité nationale.

Une réunion lors de laquelle sa présidente, Blandine Jullian, revient notamment sur sa volonté de voir la notion de "mariage gris" reconnue par la loi.

Le thème éveille l’intérêt des conseillers du ministre et ceux-ci décident de lui donner l’écho dont rêvait la présidente, elle qui déclarait récemment sur le site de l’ANVI vouloir « faire en sorte qu’une campagne de prévention [sur les mariages gris] soit diffusée en France, par les médias télévisés, style campagne pour les femmes battues, les cancers, la grippe A, etc… »

C’est essentiel : là se croisent deux intérêts bien compris, d’un côté celui d’un ministère soucieux de faire feu de tout bois sur la question identitaire et de l’autre celui d’une très petite association, agréablement surprise de trouver une audience dans les cercles du pouvoir.

Le principe d’une conférence de presse commune est alors arrêté. (...)

 Lire la suite sur articleXI.info

 

Et voir leur Vidéo Ici

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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 21:10

Arrestation de deux familles, l’une kurde Yézide, l’autre mixte arménienne-géorgienne. Toutes deux sur le point d’être reconduites en Pologne au titre du règlement Dublin 2. 

La famille KHATCHATOURIAN, David et Margarita, les parents, David et Anna, cinq et deux ans.

La famille KORKETI, Genricki et Roussana, les parents, Alexandre 11 ans hier, et Zinaïda 12 ans, dont même à travers la vitre et malgré la qualité de la photo prise de loin, on se rend compte qu'elle a très mauvaise mine (nous rappelons qu'elle avait de la fièvre, et se sentait très abattue physiquement - en plus du moral, car tous ces enfants comprennent très vite et souffrent) -

Ci-joint, quelques photos "volées". Elles ont été prises par l'un de nous, avant que les policiers ne s'installent tout près et nous interdisent de monter sur le muret. Cela nous a permis de les voir, mais surtout de nous montrer, qu'ils sachent que jusqu'à cette dernière étape ardennaise, nous étions moralement avec eux, et près d'eux. Ce n'était rien, qu'un peu d'amitié, mais nous espérons que cela leur a un peu déglacé le coeur. 

ET UNE TRES HEUREUSE CELEBRATION DES VINGT ANS DE LA CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE L'ENFANT A   ALEXANDER,   ZINAÏDA, DAVID et  ANNA

Pas de devoirs, car pas d'école - pas de vaccins - pas de piqûres - Les vraies vacances, n'est ce pas ?

 
L'extérieur du bâtiment de l'ancienne PAF, aujourd'hui Pôle Immigration, où les deux familles arrêtées attendent, gardées par deux policiers - Devant les grille, quelques uns du groupe CIMADE, les autres restant devant l'entrée pour le "cas où". En montant sur le muret nous pouvions les voir et nous montrer


-De gauche à droite : Zina qui serre son cartable contre elle ; Anna, David et rongeant son poing leur maman Margarita ; debout entre les tables, Alexander ; devant lui debout son père Genridki


Les mêmes, dans un autre ordre : Alexander, Zina, Anna, David, Margarita, et Genricki de dos. On aperçoit aussi le dos de la policière. David, le mari de Margarita et Roussana ne figurent nulle part, ils étaient trop près du policier assis tourné vers la fenêtre. 


-  La photo des enfants, prise à travers les grilles 

Source : RESF
 

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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 20:26

Le jour de ses 11 ans, Alexander a été expulsé vers les camps de réfugiés de Pologne avec ses parents et sa sœur. Ce sont des Kurdes-Yezides originaires de Géorgie. Appliquant le règlement européen "Dublin 2", la France leur a refusé la protection qu’ils lui demandaient. En balayant tous les efforts de défense et d’accueil déployés par la Cimade et le RESF. Nous répercutons ici le long réquisitoire de l’une des citoyens qui ont tout tenté jusqu’au bout pour éviter cette issue. 

 

Merci à vous qui lirez cette lettre jusqu'au bout

 

Joyeux Anniversaire, Alexander !

Tu as onze ans aujourd'hui !

 

Nous savons que ta vie durant, tu repenseras à ce dix huit novembre 2009. Geneviève t'avait promis que ce mercredi, il y aurait une petite fête, spécialement pour toi et tu étais impatient et tu te réjouissais. Nous aussi.

Mais nous, tes amis ardennais, avons été devancés : La France, dont tu commençais à parler la langue, t'a offert un cadeau somptueux : ce matin même, très tôt, un aller simple pour Varsovie, en Pologne, en compagnie de ta si douce maman, Roussana KORKETI, de ton Papa, Genricki KORKETI, et de ta petite soeur, si fragile, toujours malade, Zinaïda.

Nous pensons toutefois, que ton papa aurait dû finir les examens médicaux qu'il avait commencés. Après l'examen de sa radiographie des poumons, il avait été convoqué d'urgence à un scanner qu'il avait passé le 10 novembre. Si vous aviez été plus habitués à ce qui se passe maintenant en France, vous auriez compris que pour que l'hôpital le convoque à un scanner alors que vous n'aviez même pas encore l'AME (Aide médicale d'Etat), c'est que son état était sérieux. Après le scanner, l'hôpital l'avait convoqué, et il avait commencé le premier recueil de crachats - sur trois - aux fins d'analyse. Avoue que c'est ballot qu'il n'ait pas continué. Vous viviez dans un hôtel (à quatre dans la chambre, puis dans deux chambres), et vous mangiez dans un CHRS, Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale, donc un endroit où se retrouve concentrées des personnes par ailleurs fragilisées. Ne crois tu pas qu'il aurait été préférable, pour vous et pour tous les gens que vous avez côtoyés, de savoir de quoi souffrait ton papa ? Puis de le soigner, puisque nous savons parfaitement qu'il ne sera soigné ni en Pologne, ni en Géorgie. Il faut dire que vous êtes Kurdes-Yezides, et qu'à ce titre il y a encore des gens qui pensent que vous n'avez pas les mêmes besoins qu'eux.

Sans doute est-ce à cause de cela aussi, que dans le camp de rétention où vous serez en Pologne, tu n'iras pas à l'école. Personne ne t'ennuiera plus, le soir après la classe, à te faire faire des opérations et du français, pour que tu suives comme les autres, car les autres non plus n'iront pas à l'école.

Cette conception nous fait très peur pour ta petite soeur Zinaïda, qui après un mois de soins normaux par un médecin et tes parents, a dû quand même être hospitalisée à l'hôpital Manchester de Charleville. Elle était tellement faible et fiévreuse, hier pendant la garde à vue de tes parents et la vôtre (oui, votre garde à vue, à toi Alexander et à ta petite soeur, Zinaïda), que le médecin appelé par les policiers a dit "qu'il ne prendrait pas la responsabilité de laisser cette enfant partir dans cet état". Puis Zina a été emmenée aux urgences, mais accompagnée par des policiers, avec ta maman. Après quoi la préfecture nous a répondu que toutes les réponses la tranquillisaient sur la santé de la petite et que l'ordre était donné de poursuivre la réintroduction de ta famille en Pologne. (Principe de précaution ? Compassion ? Humanité ? Risques pour ces personnes ? et pour ceux qu'ils ont côtoyés ? et pour les enfants scolarisés en classe avec eux ?)

Tu sais Alexander, nous nous sommes battus toute la journée. Nous avons pu vous apercevoir en montant sur le muret, malgré les policiers qui ne le voulaient pas. Nous avons cru ce que l'on nous disait, aussi bien les uns que les autres. Ce n'est pas très malin, car on nous a déjà menti si souvent .... Geneviève est restée sous la pluie toute la journée en montant son parapluie rouge très haut pour que vous puissiez voir que plusieurs d'entre nous étaient toujours là.

Mais une fois de plus, tout était joué, scellé, et remarquablement bien huilé.

Vous avez été tirés du sommeil (enfin toi et Zina) parce que cela faisait des jours et des jours que tes parents ne dormaient plus normalement, que le moindre bruit dans le couloir les faisait lever en sursaut et que quand en pleine nuit, ils entendaient des voitures s'arrêter, ils s'asseyaient dans le lit et écoutaient la suite le coeur battant....

Comme convenu, vous nous avez appelés. Comme convenu nous sommes venus et avons tenté encore et encore de faire comprendre à ceux qui, aujourd'hui, ont le pouvoir, que ce qui allait se passer était à tous points de vue catastrophique et complètement injustifié.

Nous n'avons pas eu le droit d'entrer avant neuf heures, dans les locaux du Pole Immigration.

Nous n'avons pas eu le droit d'entrer aux heures normales d'ouverture les policiers nous criant sans ouvrir qu'ils avaient l'ordre de ne pas nous laisser entrer.

Nous avons téléphoné à plusieurs reprise pour demander si vous étiez toujours en garde à vue, ou si vous étiez en rétention afin que l'on vienne vous apporter, comme nous le faisons habituellement, un peu d'argent et quelques bonbons pour le voyage.

Chaque fois il nous a été répondu que vous étiez toujours en garde à vue.

Nous avons pu vous faire passer quelques sacs par des policiers, des anciens de la PAF, qui ont compris que nous voulions seulement adoucir un peu ces terribles moments.

Même alors que vous embarquiez dans le minibus, nous n'avons pas pu vous approcher, ni "parler" avec vous.

Sous les demandes expresses des policiers de se dépêcher, Annie et Geneviève ont pu embrasser rapidement quelques un d'entre vous, mais même pas tous (Il y avait aussi, hélas, la famille KHATCHATOURIAN, David, Margarita, le petit David et sa toute petite soeur Anna arrêtés et mis en garde à vue en même temps que vous).

Le minibus était escorté par une voiture de police. Les deux véhicules sont partis, en trombe, en faisant hurler leur sirène ......

Puis la directrice de la réglementation de la Préfecture des Ardennes nous a téléphoné pour dire que tout ayant été étudié et contrôlé, Monsieur le Préfet maintenait l'ordre de réintroduction des deux familles KORKETI et KHATCHATOURIAN, qui seraient conduites en rétention. à LILLE - LESQUIN. Immédiatement, "ceux qui étaient restés au local CIMADE", contactaient la DER (Défense des Etrangers en Rétention) de LILLE.

Une ultime procédure pour chaque famille était programmée et nous avions encore l'espoir d'éviter au moins pour la petite fille malade, la dureté des camps en Pologne. Rendez-vous était pris pour le lendemain matin, dès 9 heures, entre la DER du Centre de Rétention, la CIMADE Ardennes, et les familles prévenues d'un rendez vous téléphonique à 9 heures du matin.

Vous êtes arrivés à 21 heures. Une dernière fois Geneviève vous a eus au téléphone à 23 heures.

Quand, enfin, nous avons pu avoir la DER, cela a été pour apprendre que vous aviez quitté le camp à 7 heures 50 pour l'aérodrome. Nous étions quelques uns au local. Nous avons eu un immense moment de découragement.

La Pologne accorde si peu de droit d'asile, que l'on peut considérer que vos chances de l'obtenir sont nulles.

De plus vous êtes "caucasiens", tare impardonnable pour une large partie du peuple polonais

Et aussi la Pologne accorde également des asiles avec droits "diminués", ce qui rend la situation des personnes qui en "bénéficient" extrêmement difficile.

Enfin, même quand ils ont le droit d'asile, le sort des étrangers russophones est catastrophique dans cette partie de l'Europe. Et tout cela parce que quand vous avez fui la Géorgie avec l'espoir de demander l'asile en France, malheureusement, vos empreintes digitales, enfin celles de tes parents, ont été relevées en Pologne. C'est pour cela que pendant ces quelques mois on ne vous a pas accordé le droit de remplir un dossier de demande d'asile en France, et que sans recevoir un centime, vous avez vécu si difficilement, avec toujours cette si terrible peur au ventre.

MAIS ALORS, POURQUOI TOUT CELA ?

Oui, à qui profite ce crime ? Quel est l'intérêt de tels actes ? LA FRANCE EN SORT ELLE GRANDIE ? QUELLE EXPLICATION EN DONNERONS NOUS A NOS ENFANTS ? UN JOUR PEUT-ETRE A DES JUGES ?

En tout cas, Mon Cher Alexander, pour la première fois de ma vie, à un moment où on parle de l'identité nationale, j'ai honte d'être française.

Je t'embrasse très tristement, très coupablement,

Arlette SAUVAGE

PS. - L'OFPRA, Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides, à PARIS, est un organe par lequel tous les demandeurs d'asile passent pour obtenir ou non le statut de réfugié. C'est cela que la préfecture de Châlons en Champagne ne vous a pas DONNE LE DROIT DE FAIRE.

L'OFPRA, avait osé déclarer la GEORGIE, pays que tes parents et toi aviez dû fuir, Alexandre, un pays "d'origine sûr", avec toute les conséquences que nous avons constatées sur les malheureux qui le fuyaient. Aujourd'hui l'OFPRA a, discrètement, rectifié son erreur, et ton pays N'EST PLUS UN PAYS D'ORIGINE SUR.

Gardons espoir, peut-être se rendra-t-on compte que la Pologne, en 2009, est un pays où ni l'étude des dossiers, ni l'accueil des demandeurs d'asile, ne sont compatibles avec les Droits de l'Homme, ni avec la Déclaration Universelle des Droits de l'Enfant, dont on célèbre les vingt ans en ce moment à grand renfort de cérémonies, ni avec la Convention Européenne des Droits de l'Homme.

Nous espérons que tu verras ce moment, Alexandre, mais pour ton papa et ta petite soeur, nous avons très peur qu'il soit alors trop tard.

Source : mediapart.fr  (Désolé, j'ai pas pu couper ce texte...)

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