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Qui Sommes-Nous?

  • : Le blog de Fontenay pour la Diversité
  • : Blog du Collectif Fontenay pour la Diversité - RESF Fontenay-sous-Bois
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3 mars 2009 2 03 /03 /mars /2009 21:14
Depuis Bamako où il a été expulsé depuis une semaine, Mobido Sissoko, 41 ans dont vingt en France, témoigne de son expulsion, alors qu’il était en grève de la faim.

Il a le souffle court, parle lentement. Gêné. Depuis une semaine, Modibo Sissoko est de retour à Bamako, capitale du Mali, après vingt ans d’absence. Il souffle : « J’ai rien ici. Je connais pas. » Et s’inquiète : « Comment je vais récupérer mes affaires qui sont restées en France ? ». À quarante et un ans, cet homme a vécu autant à Paris qu’à Bamako. Arrivé en 1989 en France, il a travaillé pendant vingt ans dans le bâtiment. Plusieurs fois licencié parce que sans papiers, il avait néanmoins obtenu de son dernier employeur une promesse d’embauche, indispensable à sa demande de régularisation par le travail. Rendez-vous était fixé en préfecture le 12 mars.

Mais fin janvier, Modibo Sissoko est arrêté à proximité de son foyer à Viry-Chatillon. À la suite d’un refus d’embarquer, il est sous le coup d’une interdiction du territoire français de trois ans prononcée par le tribunal de grande instance de Lyon en 2007. Il a beau montrer sa convocation en préfecture, rien n’y fait, Modibo est placé au centre de rétention administrative (CRA) de Palaiseau, en attendant sa probable expulsion. Le 14 février, les retenus du centre votent la grève de la faim. « Dans le centre, les sans-papiers sont traités comme des criminels, explique Modibo. On remplit les caisses de l’État en payant des impôts et après on est traités comme des chiens. » (...)

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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 19:56
SOCIETE - Monique Pouille, 59 ans, épouse d'artisan peintre, parle très vite au téléphone, comme essoufflée par ce qui vient de lui arriver.  Elle a fait neuf heures de garde à vue, hier. Cette mère au foyer, membre de la paroisse de  Norrent-Fontes, près de Béthune, bénévole aux restos du coeur et bénévole de l'association Terre d'errance, organise les dons de nourriture, d'habits pour les migrants sans-abri depuis deux ans et demi. C'est elle aussi qui recharge les portables de ces errants qui tentent de gagner l'Angleterre en grimpant sur les camions de l'aire de repos de l'autoroute voisine. Hier, à 7h45 du matin, on sonne à sa porte. La Police de l'air et des frontières.

Pigeonnier. Elle raconte : «Ils m'ont dit "on vient vous chercher pour vous mettre en garde à vue, pour flagrant délit d'aide aux personnes en situation irrégulière"». Elle ajoute : «Quand j'ai ouvert la porte ils sont tout suite entrés dans le couloir. Je pense qu'ils croyaient trouver des réfugiés chez moi». Les policiers tombent sur trois portables, en charge sur la table du salon. Ils prennent les portables, fouillent la maison, le garage, la voiture, «et même le pigeonnier de mon mari, il est colombophile». Ils autorisent Monique Pouille à faire «un petit brin de toilette» avant de partir, «une femme policier m'attendait derrière la porte de la salle de bains». Elle ressort avec un pull à capuche. «Ils m'ont dit que ça ne serait pas accepté en garde à vue, à cause du cordon.»

Fan-club. A Coquelles, la garde à vue commence. «Ils ont dit que j'avais eu de la chance de ne pas être menottée». La police aurait ajouté qu'elle devait  «coopérer». «Ils m'ont dit qu'ils étaient courant de tout. Une femme policier m'a demandé "Alors, ça s'est bien passé le concours de colombophilie de votre mari?" C'était une conversation que j'avais eu avec des bénévoles de l'association quelques jours plus tôt au téléphone. Je suis tombée des nues».

 Ils posent des questions sur les migrants, un par un. Comment s'appelle-t-il? Depuis combien de temps est-il là? «Ils m'ont dit "vous faites ça pour la bonne cause, mais il faut faire attention à ne pas aider les passeurs". Il m'ont dit que je pouvais continuer à recharger les portables, mais pas ceux des passeurs, ceux qui sont bien habillés, et qui sont là depuis longtemps. Moi je ne m'occupe pas de ça? J'aide les gens sans poser de questions». Vers 14h30, les policiers lui annoncent que son «fan-club» est dehors. «C'était une cinquantaine de personnes qui étaient venues me soutenir». Elle est libre vers 17h. Sans charges, ni mise en examen, pour l'instant. 

«Bande organisée». «Nous l'avons récupérée en larmes» raconte Me Bruno Dubout, avocat de l'association Terre d'errance. «Monique Pouille en garde à vue, c'est une aberration. Elle n'est pas armée pour ça. Elle fait partie de ces gens qui aident les migrants parce qu'ils font de l'humanitaire. Parce qu'ils se disent "On ne peut pas laisser crever les gens au bout de notre jardin"». Monique Pouille ajoute :  «Je suis la seule bénévole qui habite Norrent Fontes. Une garde à vue, ce n'est pas rien. Je me demande comment les gens vont réagir. Ce n'est pas facile à vivre» (...)

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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 21:51
Le cas Romancini n'incite pas à la bravoure. Le témoignage de ce sans-papiers brésilien a récemment permis de démanteler un réseau de travailleurs clandestins dans le Sarladais. Le cerveau de ce système de travail dissimulé ainsi qu'une dizaine d'employeurs ont été condamnés en 2008. Malgré cet acte courageux pouvant entraîner des représailles, il n'a toujours pas été régularisé.

L'an dernier, la préfecture avait assorti la décision de délivrance d'un titre de séjour à celle du tribunal de l'incapacité de Périgueux. La semaine dernière, ce dernier a considéré que le taux d'invalidité de Carlos, suite à l'accident du travail dont il a été victime en été 2006, était inférieur à 20 %. Un taux qui lui aurait permis d'obtenir des papiers. Sur les conseils de son avocat, il a fait appel de cette décision. Devant lui donc, de longs mois de procédure se profilent.

Vie en suspens

Depuis le dépôt de sa plainte il y a trois ans, sa vie est en suspens. Reclus dans un appartement dont il préfère taire la localisation, il attend « des papiers pour travailler. Je ne vis pas, je végète. Je me lève le matin sans savoir ce que je vais faire de la journée. »

À 31 ans, sa vie sociale se résume à ce café qu'il prend tous les matins. Un bol de liberté. Sur le zinc. Mais il ne s'éternise pas, la méfiance est trop forte. Il préfère ne pas se laisser aller à la confidence et écourte les discussions avec ses congénères. « On ne sait jamais », répète-t-il.

Même s'il n'est pas sous le coup d'une obligation de quitter le territoire, le jeune Brésilien s'impose la solitude et la clandestinité. Quelques balades furtives ponctuent ses journées, mais il passe le plus clair de son temps chez lui. Il partage son logement avec deux autres personnes. Un hébergement temporaire trouvé grâce à l'aide de son collectif de soutien sarladais, mobilisé depuis son accident en 2006. (...)

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sudouest.fr 
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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 23:08
par  Schmidt Heike - RFI.r

Article publié le 19/02/2009 Dernière mise à jour le 19/02/2009 à 17:27 TU

De gros nuages noircissaient, mercredi 18 février, le ciel de Lampedusa. Des flammes s’échappaient du centre de rétention, à quelques kilomètres du village principal de cette île – devenu le théâtre d’une révolte des immigrés. Tôt le matin, suite à l’annonce d’un rapatriement imminent de 107 Tunisiens, les migrants ont forcé le portail pour s’évader. Repoussés par les forces de l’ordre, une vingtaine d’entre eux a rassemblé des matelas, des coussins et du papier pour y mettre le feu. Résultat : une soixantaine de blessés ont dû être soignés et le centre a été en partie ravagé par l’incendie. La rébellion n’est une surprise pour personne à Lampedusa : Depuis des semaines déjà, les organisations internationales constatent une ambiance explosive dans le Centre d’Identification et d’expulsion de l’île. (..)

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Rfi.fr 
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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 14:28
Vendredi 13 février, vers 13 heures, rue des Poissonniers dans le XVIIIe, à Paris. Des cris dans la rue. Je me penche à la fenêtre. Trois mètres en dessous de moi, un homme hagard est debout sur un retour du toit - plus tard j'apprendrai que cet auvent s'appelle une "marquise". L'homme est tombé de l'immeuble, semble t-il. D'un bond, il se jette à nouveau du haut de 5 mètres. Peu de temps après, les pompiers tambourinent à ma porte. Les passants les ont alertés. L'homme a sauté depuis l'appartement de mon voisin de palier, Jean-Claude. Il est indemne et a pu remonter chez son ami. Les pompiers repartent.

Je me rends chez le voisin et découvre Mario, jeune Guinéen de moins de trente ans, assis sur un canapé. Raide, les yeux fixés vers le mur. Il porte un pantalon noir à pinces et un pull à col roulé, de belles chaussures. Le matin même, accompagné de Jean-Claude, il se rendait au Centre de réception des étrangers de la préfecture du 17e arrondissement pour y déposer un dossier de régularisation. Aucune chance, lui a-t-on dit. Il tient des propos confus, répète qu'il n'est pas un bandit, qu'il a toujours travaillé, payé son loyer, son électricité, ses impôts. Qu'il a tout tenté et qu'il n'y a plus d'issue: «Plus rien à faire, la mort, la mort, la mort.» Sa femme, Véronica, est elle aussi sans papiers. Ils ont deux petites filles, Rosa et Solinda, nées en France.

Jean-Claude discutait avec lui dans son salon lorsqu'il a brutalement foncé à la fenêtre et enjambé la balustrade. Mon voisin est un professeur retraité qui travaille de temps en temps avec Réseaux éducation sans frontières (RESF) pour aider des sans-papiers à constituer leurs dossiers. Voilà deux ans qu'il instruit celui de Mario et l'accompagne dans toutes ses démarches. Dans l'épais dossier qu'il ouvre devant moi, il y a deux formulaires roses : une "demande d'autorisation de travail pour un salarié étranger", signée par son ancien employeur qui souhaite le réembaucher dès qu'il aura des papiers, et un "engagement de versement à l'ANAEM (Agence nationale d'accueil des étrangers et des migrations)". Ce patron s'engage à verser 1612 euros à l'administration au moment de l'embauche de Mario ! Il y a là des extraits de K-Bis de cette société, ainsi que la liste de tous les salariés. Il y a aussi un certificat de travail et des fiches de paie attestant que Mario a bien exercé en CDI comme ouvrier maçon dans cette entreprise entre septembre 2006 et juin 2008, date où l'employeur lui a demandé de démissionner, par peur de l'Inspection du Travail. Et aussi d'autre fiches de paie d'un précédant CDI. Arrivé en 2002, Mario travaille en France depuis février 2004. (...)

 

Lire la suite sur le Libéblog  "A l'école des sans-papiers"

 

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12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 21:39
Il y a un an, dans leur ville, ils avaient manifesté contre la misère. Ils ont dû fuir Redeyef pour ne pas finir en prison. Ici, les deux exilés subissent le sort impossible des clandestins. Récits croisés.

Du travail ! Comme une prière qui revient en boucle. Du travail, remâchent sans cesse Badi et Nawfel (1) avec colère, amertume, mélancolie, douleur. Implorants. C’est pour que l’État tunisien leur accorde ce droit, qu’ils ont osé s’opposer au président Ben Ali, il y a un an. Risques insensés.

Lorsque nous les rencontrons dans cette petite salle discrète du centre-ville de Nantes, ce soir-là, un luxe de précautions a été déployé pour que les deux hommes, la trentaine, ne soient pas interpellés. Et expulsés parce qu’ils ont atterri ici, il y a deux mois, sans papiers. Comme 180 de leurs compatriotes depuis les émeutes.

Pourtant, leur vœu le plus cher serait de retourner chez eux. Ils ne demanderaient pas mieux que de quitter séance tenante cette France qui ne veut pas d’eux. Oui mais.

Balles dans la peau

Oui mais, Nawfel soulève ses vêtements. Trouant sa peau, de vilaines cicatrices. Des impacts de balles et la rage dans ses yeux mobiles disent crûment la brutalité exercée à Redeyef. Redeyef, gros bassin minier du sud de la Tunisie, ses 300 emplois octroyés à d’autres bras que ceux du coin, « aux fils de bakchichs », dit-il.

Cette injustice avait déclenché des protestations publiques en janvier 2008. « J’étais allé voir le gouverneur pour demander un emploi. Il m’avait dit d’aller acheter une corde pour me suicider. »

Le 6 juin dernier, le jeune homme était sur la grande place de Redeyef avec des milliers d’autres : « On protestait pacifiquement. Vers midi, les forces de l’ordre ont tiré. On a cru que c’était des balles à blanc. Mais Hafnaoui, 21 ans, a été tué. ll était à côté de moi. Un autre ami, blessé aussi, est mort trois semaines plus tard. Il avait 27 ans. »

Nawfel aussi est touché, transporté à l’hôpital par sa famille. Il y est harcelé, dit-il, par des policiers. « Quand je suis sorti, je n’ai pas reconnu ma ville. Il y avait les chars, Redeyef en état de siège. » Un couvre-feu toujours en vigueur.

Crainte de représailles

Le jeune homme sait qu’il doit fuir, c’est ça ou la prison. Il traverse le désert libyen, monte sur un bateau de fortune pour Lampedusa. Seize heures de traversée pendant lesquelles il a cru mourir. En Italie, il est placé au centre de rétention, s’évade. Et prend le train. Milan, Nice, Nantes… Nantes, parce que les immigrés tunisiens originaires de Redeyef y sont nombreux.

Badi a suivi aussi ce périlleux chemin d’exil, où beaucoup de ses semblables, dit-il, ont laissé leur vie. Même regard de désespérance que Nawfel, mêmes accents révoltés.

Badi était de ceux qui avaient installé une trentaine de tentes à Redeyef, en signe de protestation. Il avait même, un moment, été reconnu par les autorités comme l’un des négociateurs du mouvement. Jusqu’à ce que la répression se durcisse et qu’il soit pourchassé. Contraint à la fuite.

Aujourd’hui à Nantes, il témoigne volontiers, oui. Mais pas à visage découvert. Comme Nawfel, il craint les représailles sur sa famille.

Agnès CLERMONT.

(1) Prénoms d’emprunt.

Source : Oust-France.fr
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12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 21:34
S’inscrire à la fac, poursuivre ses études, passer le permis, esquisser un premier projet d’avenir, l’aspiration naturelle de tout jeune venant d’avoir 18 ans. Mais pour certains, cette date fatidique marque avant tout une entrée dans la clandestinité d’un long combat.

« D’un seul coup, ce sont des fantômes, ils n’ont plus d’existence publique », s’exclame Fanny, membre du collectif RESF (Réseau Education Sans Frontières) de Marseille. « ils », ce sont des jeunes majeurs qui ont grandi en France et qui à leur majorité deviennent des sans-papiers. Leur « délit » : être entré en France après l’âge de 13 ans, ou après l’âge de 10 ans s’ils sont Algériens ou Tunisiens et dans la majorité des cas, ne pas avoir pu bénéficier de la procédure de regroupement familial. Ces jeunes viennent principalement du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, d’Haïti ou d’Asie et sont arrivés en France pour rejoindre une mère ou un père déjà installé.

Leur point commun, tous sont venus en France lorsqu’ils étaient mineurs, sans l’avoir choisi. « C’est l’injustice la plus totale par rapport aux adultes, ne peut s’empêcher de lancer Fanny, Car eux, ont fait le choix de venir en France, mais pas les enfants ». Pour Judith, engagée dans le collectif depuis 1 an et demi, le plus grand challenge du réseau est alors d’arriver à « changer les lois relatives à ces jeunes majeurs pour que tous les enfants scolarisés puissent avoir des papiers ». « Pour que toutes ces années passées en France ne comptent pas pour du beurre », reprend Fanny.

« C’est comme si on leur coupait les ailes »

« Le problème c’est que les jeunes ne pensent pas à demander une régularisation, ils savent qu’ils sont étrangers mais croient que ça va aller de soi, car leurs parents sont régularisés », explique Judith. Résultat, à 18 ans, ils se rendent compte que leur avenir est totalement remis en question. « Souhaitant par exemple effectuer un BEP, ils ne pourront pas s’y inscrire car cette formation propose des stages, où des papiers seront automatiquement exigés. Leurs projets ne sont plus que du vent, c’est là qu’ils devraient pouvoir décider de leur avenir, mais ils ne peuvent pas, savent même parfois avant de passer le bac qu’il ne leur servira à rien. Et s’ils souhaitent travailler, ce sera toujours au noir », déplore Fanny.

Et à cela bien sur s’ajoute la peur de l’expulsion. Si avant l’âge de 18 ans, ils n’ont pas l’obligation de quitter le territoire lorsqu’ils obtiennent une réponse négative suite à une demande de régularisation, il n’en est pas de même après cette date. Car depuis février 2007, les mineurs étrangers reçoivent des « Obligations à Quitter le Territoire Français » si leur demande de régularisation a été refusée. Pour ces jeunes, le premier défi à relever à 18 ans est alors de réussir à raser les murs et de passer entre les mailles du filet.

Un soutien moral

Face à cet amer constat, depuis janvier dernier, la branche Jeune Majeur du réseau RESF de Marseille accueille, oriente et épaule ces jeunes, multipliant notamment les actions dans les établissements scolaires. RESF met aussi en contact les adolescents avec des avocats, si nécessaires, et leur apporte surtout un soutien moral. « La Cimade leur indique leurs droits, les aiguille dans leur demande de régularisation. Notre but est qu’ils ne se sentent pas seuls, s’ils se font arrêter, ils savent qu’on sera là. Des membres du réseau iront les voir, pour les rassurer, mais aussi pour leur expliquer les risques : leur dire qu’ils peuvent aller en prison s’ils refusent l’expulsion et s’ils ne sont pas expulsés cela ne veut pas dire qu’ils auront des papiers », souligne Judith. _ La détermination des militants prend aussi la forme d’opérations coup de poing aux aéroports pour empêcher les expulsions. « Le but de RESF c’est surtout de monter une véritable action politique », admet Judith tout en confiant que son engagement est d’abord moral.

Samedi, à Marseille, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblés devant le centre de rétention du Canet, à l’appel du réseau RESF, exigeant la fermeture de ces lieux de détention où 240 enfants ont été enfermés en 2007.

Marie-Ameline Barbier - Millebabords.org
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10 février 2009 2 10 /02 /février /2009 08:11
A la suite de la manifestation de 400 personnes qui a eu lieu devant le centre de rétention le samedi 31 janvier, c’est la 2ème fois que nous appelons les retenus de Vincennes. Dans la conversation, l’un d’eux nous demande quand nous revenons manifester au centre. Nous lui expliquons que le 7 février il y aura des manifestations devant plusieurs centres de rétention en France mais pas à Vincennes car les associations qui organisaient cette journée ne l’ont pas souhaité de peur de débordements…

Un 1er « retenu »
« Maintenant on va manger. Là j'étais en train de dormir. L'infirmière donne des cachets et tout le monde dort. Elle m'a donné du valium 5mg. Elle m'en a donné 2. J'les prends pour me calmer, après je dors, c'est tout.
Laisse tomber, on est dans la merde, vous pouvez rien faire. Personne ne peut rien faire. Si ya pas la chance, on rentre chez nous c'est tout. Tout le monde va rester 32 jours.
Moi j'ai rendez-vous à l'ofpra le 10. Demain je vais voir la Cimade, elle va me faire l'appel. Le policier dit qu'il y a 1 mois pour faire ça. Je suis ici depuis 10 jours. »

Un 2ème « retenu »
« On est 70 personnes ici. On est tous dans la merde. Il y a beaucoup de nationalités, il y en a même qui ont de la famille. A côté de moi il y en a un du Sénégal qui a des enfants et paye des impôts, je vais vous le passer après.
Même dans la bouffe il y a plein de médicaments et on nous donne du stilnox.
Ils libèrent 1 ou 2 personnes puis ils en ramènent 10.
Il y a toujours des avions, il y a quelqu'un qui a été renvoyé vers le Mali la semaine dernière, il a laissé sa femme et ses enfants. Même à Cité c'est plein. On se voit quand on va au tribunal. C'est une prison là-bas. On dit la France pays des droits mais y a pas de droits.
Hier un policier a dit à ma copine qui venait me voir « votre copain il est pas Irakien, il est algérien »
Le consulat m'a reconnu algérien car j'ai donné un faux nom de quelqu'un qui a la double nationalité franco-algérienne.
Avant-hier un copain et moi on a été mis dans une chambre d'isolement après qu'on nous ait vus chahuter. Il y avait une caméra dans le couloir. Il y a beaucoup de pression.
On est jugé devant une personne mais après elle sera jugée devant Dieu.
Demain il y a un vol pour l'Egypte et l'Egyptien il a décidé de laisser tout son argent à la banque ici. Il y a un Algérien arrivé il y a 2 jours qui a été expulsé ce soir. Il y a 3 ou 4 vols par jour, au minimum 2.
On est dans la merde, on ne sait pas quand ça va finir. »

Il nous passe le monsieur Sénégalais qui a des enfants.
« Aujourd'hui j'ai appelé le Parisien pour parler de moi et de mon voisin de chambre.
Lui il est Malien, ils ont dit qu'ils l'amenaient au consulat du Mali mais il a jamais été là-bas. Là où il est allé, il y avait un drapeau du Mali mais on peut en trouver partout des drapeaux. En plus, le gars qui l’a reçu ne parlait ni bambara ni soninké. Son oncle est aussi allé au consulat et ils ont dit qu'ils n'avaient jamais vu son neveu. Comme le Mali est réticent, ils essaient d'envoyer vers d'autres pays comme le Cameroun qui accepte. Il faut dire aux maliens ce qui les attend, de faire attention.
La préfecture a dit que je ne subvenais pas aux besoins de mes enfants. On a fait une demande d'asile pour excision. Ma femme a peur de venir me voir car elle n'a pas de papiers. Moi j'ai fait une école de cuisine. Quand t'as des enfants et un diplôme, tu devrais avoir les papiers. Moi si on me reconduit....
Je suis là depuis samedi. Mes enfants peuvent pas venir me voir.
Ici tout le monde prend du stilnox, pas moi. On est réveillé par les hauts-parleurs. A partir de minuit on ne peut plus fumer et dès fois à 6 heures le haut-parleur gueule.
Entre 18h et 20h c'est le repas mais ils veulent qu'on vienne à 18h.
Il y a un gars qui était là quand le centre a brûlé en juin. Ils l'ont amené à Lille après le feu puis ils l'ont lâché comme ça dans la nature, sans rien. Et maintenant il est encore là car ils l'ont réattrapé.
Eux ils parlent d'humanité mais ils s'en foutent. Ils s'en foutent du droit des enfants. J'en ai parlé à la Cimade et à resf. »

Un 4ème « retenu »
« Il y a beaucoup de cas ici. Il y en a qui ont des enfants, il y en a qu'on a ramené de leur travail. Il y en a un qu'on a ramené qui habitait loin de Paris. Il n'a pas sa famille ni ses amis ici à Paris. Même l'argent il n'en a pas sur lui.
Hier j'ai déchiré tous mes papiers devant la police. Le consulat algérien c'est la merde avec lui, il signe tous les laisser-passer . C'est pour ça que j'ai déchiré mes papiers et pour le policier arabe. Après quand j'ai demandé une lame pour me raser, la police est venue...Il y a un groupe de policiers qui sont bien et un groupe de salopards. La dernière fois ils ont fait sonner l'alarme à 7h pour nous réveiller.
C'est comme une prison, tous les jours ils ramènent des gens, ça fait 10 jours que je suis là. »

On entend du bruit. Apparemment quelqu'un est tombé. Le retenu ne nous parle plus mais il ne raccroche pas. On entend plusieurs voix : « A la fouille ! » « Je t'ai vu sortir sale menteur ! » « Le téléphone ! » Une voix de femme « Si j'te prends encore une fois c'est pas la peine. Faut pas fumer, y a des asthmatiques ici. »
« A qui t'as parlé ?»
Puis on entend que les policiers partent, le retenu nous reparle au téléphone.
« Le gars a vomi et il est tombé par terre, mais les flics ils l'ont pas ramassé, ils cherchaient des cigarettes c'est tout. Ils ont voulu que j'éteigne le télephone. »

Le 1er retenu veut nous reparler.
« Il y a la police qui cherche des problèmes. Depuis hier on me dit que nos téléphones on les écoute. La police ici emmerde tout le monde. Hier ils m'ont mis à l'isolement pour rien, je jouais avec un copain, ils nous ont mis en garde à vue dans les cellules en bas devant les bureaux de l'infirmière et de la Cimade. »

Il nous passe un autre « retenu » :
« Les jeunes ici sont maltraités et malheureux. Quand on mange on est fatigué, j’suis sûr qu’ils mettent des médicaments Tout le monde prend des calmants et des somnifères. Il y a l'infirmière qui les donne plus ou moins indirectement. C'est pas nécessaire de prendre ça, c'est dangereux.
Comme on est stressé, on prend des médicaments. Comme moi ça fait 9 ans que je suis ici et on va m'envoyer en laissant toutes mes affaires... Tout ça à cause d'un fils d'immigré qu'aime pas les immigrés...
J'ai fui l'Algérie à cause du terrorisme et voilà la galère. En 1er on expulse les Algériens. Il y a des gens qui arrivent à pleurer car ils ont tout perdu.
Je vous remercie de m'avoir écouté, ça m'a fait du bien, si j'avais ma guitare je vous chanterai une chanson, de Brel. »


Source : Indymedia Nantes
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6 février 2009 5 06 /02 /février /2009 22:23
Article paru sur le Contre Journal de Libération:
Service oecuménique d’entraide, la Cimade est jusqu’à fin mai la seule association à pouvoir intervenir dans les centres de rétention administrative (CRA): elle est chargée par les pouvoirs publics d’une mission d’accompagnement et de défense des droits des étrangers contraints de quitter le territoire. Mission menacée, estime la Cimade, puisque le ministère de l’Immigration a lancé un appel d’offres pour que plusieurs associations se partagent ce marché public. Chaque semaine sur le blog du Contre journal (et chaque mois dans Libération), des intervenants de la Cimade témoignent de leur travail auprès des étrangers enfermés.

«M. T. est âgé de 30 ans. Egyptien, il a été expulsé jeudi 29 janvier vers son pays d'origine. D'après les autorités du centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (77), où M. T. a vécu des jours particulièrement difficiles avant son expulsion, «l'embarquement s'est bien passé et M. T. n'a opposé aucune résistance». Retour sur son calvaire.

Le 5 janvier 2009 en arrivant au centre, M. T. fait part à La Cimade de ses problèmes de santé, précisés dans un certificat par son médecin traitant, évoquant notamment des syndrômes dépressifs et des tendances suicidaires. Le lendemain, les jours suivants, M. T. manifeste que la rétention lui est insupportable. Le juge des libertés et de la détention (JLD) demande une expertise médicale. Le médecin du CRA indique que l'état de M. T. est compatible avec la rétention. Entre-temps, son recours auprès du tribunal administratif contre son éloignement est rejeté, car faxé quelques heures hors délai. Il n'aura ainsi jamais eu l'occasion de s'exprimer sur le fond de son histoire.

Le 15 janvier, M. T. fait une tentative de suicide. Il est évacué vers un hôpital avant de réintégrer le centre le soir même. Le lendemain, dans un accès de violence, il brise du matériel dans un des bâtiments du centre. Placé en garde à vue, il est ensuite présenté au tribunal correctionnel pour destruction de matériel appartenant à l'Etat. La sentence tombe : 3 mois de prison avec sursis.

De retour au centre, aidé par les intervenants de La Cimade, il tente une saisine en urgence du JLD pour constater l'irrégularité de son retour en rétention sur une mesure qui aurait dû prendre fin avec la garde à vue. La saisine est rejetée. M. T. va de plus en plus mal. Mardi 27 au matin, il rencontre un psychiatre du CRA qui se borne à changer son traitement. Que M. T. refuse de prendre. Nouvel accès de violence : après avoir affûté une lame de rasoir, il menace une autre personne retenue. A 16h, les gendarmes du CRA le placent en chambre d'isolement. M. T. accroche un drap aux barreaux de la fenêtre pour se pendre. D'autres retenus, à l'extérieur, s'en aperçoivent et se mettent à crier. Les gendarmes sortent M. T., l'emmènent dans la zone réservée aux services administratifs, en dehors de la zone de rétention. A 18h, il est enfermé dans un local réservé à la fouille, il se frappe la tête contre les murs. Les gendarmes l'affublent d'un «casque de protection» et de menottes. Pour la nuit, M. T. est transféré dans une autre pièce, officiellement affectée aux visiteurs, et agrémentée pour l'occasion, d'un matelas en mousse. Ces deux pièces sont aussi dépourvues de sanitaires et de fenêtres. Mais surtout, M. T. ne peut rencontrer comme il le souhaite la Cimade et le service médical : il est dans l'impossibilité d'exercer ses droits.

Mercredi 28, vers 19h, le service médical informe la Cimade que M. T. souhaite voir l'équipe. Il est de retour dans le local réservé à la fouille, assis sur le banc, prostré, menotté. Il fait part de son désespoir, demande à rejoindre la zone où se trouvent toutes les personnes retenues, à parler au chef de centre. Selon ce dernier, cette mise à l'écart, est la seule solution, bien qu'illégale. La libération de M. T. n'est pas envisageable, voyons. L'hospitalisation alors? Non plus. Non, vraiment, il n'y a pas d'autre solution. De passage dans le centre ce jour-là, le directeur du cabinet du préfet de Seine-et-Marne, n'a rien trouvé à redire à la situation de M. T. Mercredi soir, M. T. est toujours là, menotté, allongé sur son banc. Il dort. Sous calmants.

Jeudi 29 janvier, M. T. est dans l'autre local. Celui du matelas en mousse, sur lequel il passe ses nuits. Abattu. Résigné. Il ne demande même plus à être libéré. Il veut juste rejoindre l'autre zone, la zone de rétention. Le chef de centre annonce qu'il ira le voir plus tard. Les démarches juridiques se poursuivent. Alors que les intervenants de la Cimade s'apprêtent à voir M. T. pour lui faire signer une nouvelle requête, ils apprennent par les gendarmes qui gardaient sa cellule que M. T. été expulsé. Comme signalé au début, «l'embarquement se serait bien passé, M. T. n'aurait opposé aucune résistance».»

Les intervenants Cimade en rétention

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5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 22:30
Retranscriptions de notes prises lors d'appels téléphoniques au mesnil
amelot le vendredi 30 janvier, notamment pour connaître les circonstances
d'une contestation dans le centre arrivée le jeudi précédent.

« Il n’y a pas beaucoup de monde dans le centre aujourd’hui, beaucoup de
gens sont au tribunal. Il fait froid il n’y a pas de chauffage. Je suis
arrivé hier, j’ai entendu parler de jeudi, mais je n’étais pas là. Et,
pour en parler avec quelqu’un faut rappeler plus tard, il est 19h, tout le
monde est parti manger. Je suis à la Cgt, pour moi ça devrait aller, la
Cgt de Bobigny a été contactée, je passe par la Cimade. Demain, je passe
au Tribunal Administratif. »

Rappels vers 21H30.

« Il fait froid dans la maison. Je suis malade. J’ai un problème au foie.
Au départ, le juge de Meaux, le JLD a demandé ma libération. Puis après,
le proc a fait appel, je suis revenu ici. Je me suis fait arrêter à la
gare de Chelles, j’allais acheter un carnet de tickets au guichet des bus.
Des policiers m’ont demandé mes papiers. J’ai fait 48H de garde-à-vue.
J’ai un avocat. Et puis après, ils m’ont amené à l’appel, à Paris et je
n’ai pas été libéré. Je suis inscrit sur la liste, ils ont réservé mon
vol. Je n’ai plus de parents au bled. C’est la misère. Et là, les
toilettes sont bouchés, il y a de l’eau partout dans le couloir. Ça sent.
[Jeudi,] un mec, il revenait de l’aéroport, les policiers l’ont tapé
là-bas, avant et après. Ils l’ont tapé partout. Ses amis ont réagis en
tapant sur les murs et ont brulés des journaux. Ils ont éteint le feu et
après tout le monde est rentré dans sa chambre. Tout le monde travaille
ici, moi je soulève des plaquos, on fait les boulots que les français ne
font pas. Des fois, ils nous expulsent sans nous emmener à l’ambassade,
des gens comme moi qui n’ont pas de papier sur eux. D’autres fois, ils
font croire qu’on est libre et en fait ils nous emmènent à l’aéroport. On
peut le savoir quand la police rentre dans le centre car il n’y a que des
gendarmes ici. Il y en a qui sont scotchés pour l’expulsion, ça ne se
passe pas dans le centre sinon il y aurait du bordel. Je suis arrivé
samedi et depuis, trois personnes sont descendus de l’avion après avoir
discuté avec le pilote. Je me suis fait contrôler à la gare de St
Beaumont. Je vous passe quelqu’un d’autre. »

« On est maltraité dans le 77, on ne mange pas très bien, il n’y a rien de
hallal et il fait très froid. On ne peut pas dormir ici. C’est n’importe
quoi, il y a même des gens qui ont des récépissés. »

« Moi, je suis au collège Voltaire. Je suis resté 2jours et demi en
garde-à-vue. Mon collège a fait une manif hier ou aujourd’hui. Si on
m’amène à l’aéroport, ils iront. L’autre jour dans le bâtiment 3, ça a
brûlé. Les gens étaient inquiets, le mec est tombé par terre et il n’a pas
bougé pendant 5mn. La police le regardait de loin et n’a rien fait, ils
voyaient bien qu’il faisait un malaise. Tout le monde a crié cet
après-midi là, c’était le bordel. Ils ont appelé des renforts. »
(Ce jeune homme s’est fait expulsé le lendemain matin. Des personnes se
sont rendues à l’aéroport pour tenter d’empêcher son expulsion. Il vient
tout juste d’avoir 18 ans)
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