Un des inculpés a pas mal de famille en France et tous ont des histoires "exemplaires" de très jeunes mecs pauvres nés dans un pays pauvre qui viennent en Europe pour y rejoindre de la famille ou pour y gagner de l’argent.
Le procès sera le 17 novembre, les camarades italiens demandent de l’aide sans préciser plus pour le moment, j’ai donc essayé de résumé l’histoire qu’ils m’ont racontée par petits bouts. La voilà ci-dessous, la diffuser c’est déjà un premier pas.
F.
ps : pour éviter certaines incompréhensions, je précise que dans plusieurs centres de rétention en Italie, les retenus ont leurs « chambres » derrière des grandes cages. D’ailleurs quand on passe en procès en Italie on est également mis dans une cage. Je précise aussi que les camarades italiens ont été informés en direct du début de la révolte par des retenus eux-mêmes qui leur ont téléphoné.
Résumé des faits
En Italie, depuis le 8 aout, entrée en vigueur du "paquet sécurité" qui entre autre, a allongé la durée de rétention de 2 à 6 mois, les prisonniers des centres de rétention ne cessent de se révolter. Grèves de la faim, automutilation, refus de rentrer en cellules, destructions, occupation des toits, organisation d’évasions, incendies, émeutes, la résistance prend diverses formes.
Plusieurs centres de rétention ont subi d’importants dégâts lors de certains mouvements de protestation, réduisant ainsi la capacité d’enfermement des étrangers sans-papiers en Italie et gênant la mise en oeuvre de la politique d’expulsion.
Dès le 14 août, le centre de rétention de la via Corelli à Milan, était en partie détruit suite à une émeute. 14 personnes étaient alors inculpées et emprisonnées.
Ce week end, une nouvelle révolte a eu lieu, et parce qu’il faut bien pour l’Etat, la police et la justice, punir et faire des exemples, 4 personnes ont été prises au hasard, inculpées et emprisonnées en attendant leur procès qui débutera le 17 novembre.
Parions que, encore une fois, comme depuis plus de 3 mois maintenant, ça n’empêchera pas les autres retenus que ce soit à Milan ou ailleurs de continuer à se révolter.
Samedi 7 novembre
Vers 23h, la police a éteint la lumière et a ordonné aux retenus de rentrer dans les cages, anticipant ainsi sur les horaires habituels et limitant un peu plus la vie sociale des prisonniers. Les retenus ont refusé et la police a fait irruption en frappant avec les matraques et faisant allonger certains prisonniers par terre. Cela a engendré une petite bataille qui a duré 1h entière : la dynamique des faits n’est pas très claire, nous savons seulement que la police a utilisé les matraques et les jets d’eau et que les reclus ont lancé des bouteilles et brûlé les matelas. La section féminine a aussi participé à la protestation. Au sommet de la révolte il était difficile de respirer. Après minuit, la police a commencé à parlementer, convaincant les reclus de se calmer.
A minuit et demi la situation est relativement tranquille mais les prisonniers sont encore sur le qui-vive et il y a des blessés. A 1h30, il manque des prisonniers à l’appel dans la section B, on ne sait pas si ils sont en isolement, à l’infirmerie ou en état d’arrestation.
Dimanche 8 novembre
Finalement on apprendra par les autres retenus que les 4 qui manquaient à l’appel ont été arrêtés et qu’ils passeront le lendemain devant un juge pour valider ou infirmer leur arrestation.
Lundi 9 novembre
L’audience contre les quatre reclus accusés de coups et blessures et résistance à la force publique commencée le matin s’est conclue tard dans l’après-midi avec l’incarcération pour tous les inculpés, même si ils ont tous un casier vierge. Ils sont tous les quatre très jeunes et l’un d’eux a déclaré avoir fêté ses 18 ans le jour même de son arrestation, ce qui signifie qu’il aurait été placé en rétention via Corelli alors qu’il était encore mineur. La juge ce matin l’a envoyé à l’hopital faire les tests pour confirmer son âge mais il est resorti de l’examen qu’il aurait 19 ans... donc pour eux tout va bien. Parmi les quatre garçons, trois sont arrivés en italie il y a un peu plus de 3 mois, débarqués en Sardaigne. Emmenés du Centre d’Identification et d’Expulsion d’Elmas directement à via Corelli et de via Corelli à la prison S. Vittore, ils n’ont jamais vécu un jour de liberté en Italie.
Au cours de l’audience est également apparu le mode humiliant avec lequel les quatre garçons ont été contraints de s’agenouiller devant les policiers et de parcourir le couloir du centre, marchant « comme les poules », le tout accompagné des gifles habituelles. Cette fois, encore plus outrageusement que les autres, on voit comment les accusations sont totalement montées en interne sur quatre des garçons les plus jeunes du centre. Dans l’impossibilité d’entrer dans la section C, coeur de la révolte, la police a décidé de pêcher au hasard parmi les retenus de l’autre section, la B. L’arbitraire de l’arrestation a créé une forte solidarité parmi les autres retenus. Ainsi, leurs compagnons de cellule, très liés à ces garçons notamment à cause de leur jeune âge, se sont tout de suite déclarés disponibles pour témoigner et suivent très attentivement le procès.
La prochaine audience sera le mardi 17 novembre à 9h30 au tribunal de Milan.
Interview de l’avocat des inculpés (en italien) : http://www.autistici.org/macerie/?p...
Pour qui voudrait écrire lettres et télégrammes de solidarité, voici les noms et l’adresse de 3 des jeunes garçons inculpés :
Toufik Webet
Samai Bernini
Saiffedin Sougidi
c/o Carcere di S. Vittore - piazza Filangeri, 2 - 20123 Milano ITALIA
Source : hns-info.net