Voila au plus vite les notes très approximatives que j'ai prises cet AM au tribunal correctionnel de Paris. A compléter si nécessaire.
C’était aujourd’hui lundi 25 janvier la première audience du procès des retenus de Vincennes accusés d'avoir « par l’effet d’une substance explosive … créé un danger pour les personnes… et détruit le centre de rétention de Vincennes… » le 22 juin 2008.
Il y avait beaucoup de monde dans le hall, Comité de soutien, militants associatifs et syndicaux, et les échanges étaient nombreux et ont duré longtemps !!! Bien sûr la salle d’audience était vraiment trop petite pour que nous entrions tout-te-s d’autant que la présidente avait refusé qu’il y ait des personnes debout derrière ce qui est communément admis, du moment que le silence règne…
Après deux heures d’attente devant un portique de sécurité installé pour l’occasion, avec bien sûr présence policière et gendarmesque massive, j’ai réussi à rentrer dans la salle : un banc était occupé par les élus et personnalités appelés à témoigner : Jean Desessard, sénateur vert de Paris, Nicole Borvo, sénatrice PCF de Paris, Jean-Pierre Brard, député, Emmanuel Terray, LDH et monseigneur Gaillot.
Un autre banc s’est révélé, à l’appel des parties civiles, être occupé par des policiers du CRA présents le 22 juin ( décontracté-e-s et même hilares par moments ?!!.).
Les avocates des retenus, Mylène Stambouli et Irène Terrel (présents également Henri Braun et Sylvie Boitel) tentaient alors de faire valoir à la présidente du tribunal qu’elle ne respectait pas une fois de plus les droits de la défense. Elle poursuivant le contrôle d’identité des 10 prévenus (dont l'un comparaissait détenu, un autre est gravement handicapé suite à son incarcération), alors que la défense soulevait un problème de taille : à la vue de la présidente du tribunal, Moïse Diakité, un des prévenus, (père de 7 enfants français, 20 ans de présence en France) et son épouse venaient de reconnaître en sa personne le magistrat instructeur qui a fait basculer leur vie. A la suite d’un contrôle de camionnette ( !) elle l’avait envoyé en novembre 2005 pendant 4 mois en détention préventive, sa femme enceinte étant mise alors sous contrôle judiciaire et leurs 4 enfants placés à l’ASE pour deux ans, et récupérés avec beaucoup de difficultés au prix d’une procédure lourde et difficile. Le jugement survenu en 2007 avait prononcé une peine de 4 mois couvrant la détention préventive…
Madame Diakite tentait d’exprimer son indignation.
Après une nouvelle interruption de séance, Mylène Stambouli a déclaré qu’il n’était pas possible de juger ce dossier dans ces conditions car cette affaire de 2005 a été déterminante pour les difficultés rencontrées ensuite par la famille Diakité. Cette condamnation a justifié ensuite la mise en rétention, à plusieurs reprises de Monsieur Diakite, y compris en juin 2008. (Mises en rétention d’autant plus stupéfiantes qu’il est père d’enfants français).
Elle a soulevé l’art 6 de la convention de la cour européenne des droits de l’homme sur l’impartialité : "le client dit ne pas avoir confiance".
Et l’article 668 du code de procédure pénal.
Maître Stambouli demande à la présidente de se désister (déporter) elle-même, ou alors une demande de renvoi et une requête en récusation seront déposées.
Le procureur affecte dans son propos liminaire de comprendre l’émoi de M Diakite, mais cite une jurisprudence de la CEEDDH favorable au maintien de la présidente …
Irène Terrel complète le propos de Mylène Stambouli en évoquant la Théorie de l’apparence pour souligner que le procès ne peut fonctionner dans ces conditions et demande à la présidente de se déporter.
Cette dernière annonce alors un renvoi au lendemain mardi 26 janvier à 13h30, 31è chambre.
Monsieur Diakite sort de la salle après avoir dénoncé fortement ce qu’il ressent comme un terrible acharnement judiciaire.
Catherine - Fontenay pour la Diversité