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Qui Sommes-Nous?

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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 22:19

Préfecture de Bobigny, 9 h du matin. Une longue file humaine se termine en un goulot d’étranglement : deux employées de l’administration préfectorale "trient" ceux qui patientent. L’une d’elles :

Voix revêche : « Monsieur, on présente les papiers correctement ! Moi aussi, j’ai un problème, mais ce n’est pas une raison pour ne pas présenter les papiers correctement. »

(Ouvre les papiers et les retourne en tous sens.)

Plus énervée : « Non, Monsieur, amenez-moi un certificat médical ! NON, amenez-moi un certificat médical, MONSIEUR ! »

(Rend les papiers, se campe sur ses ergots.)

Carrément excédée : « Un certificat médical, vous comprenez ? Ou alors, est-ce qu’il faut un policier pour vous expliquer ? Au revoir, Monsieur. AU REVOIR, j’ai dit ! »

(Vérifie que l’intéressé tourne bien les talons ; passe au suivant dans la file.)

Tranchante : « Il fallait venir avec un justificatif. Vous PARTEZ et vous revenez avec un justificatif. ALLEZ, vous sortez de la file ! »

(À nouveau, le suivant.)

S’adoucissant un brin : « Vous avez un récipissé, Madame ? Oui ? Allez-y, guichet deux. »

(Sent une présence derrière elle et se retourne ; découvre le carnet de notes et le stylo qui s’agite ; interpelle sa supérieure, qui observe l’opération de tri.)

Plaintive : « Madame Anne, MADAME ANNE. Vous pouvez faire partir le journaliste ? »

(Échec ; se retourne vers le scribouillard ; aboie.)

Très agressive : « Reculez, MONSIEUR, ou je porte PLAINTE contre vous ! »

(Échec derechef ; se recule de quelques mètres pour ne plus être entendue ; continue son office ; trie.)

Tous le confirment. Ceux des étrangers qui n’en sont pas à leur première visite et ont eu déjà maille à partie avec les employés de la préfecture. Et ceux des militants qui ont pu observer le déroulement de l’opération. Unanimes à pointer la façon infecte dont on les traite. « Les gens de l’administration se comportent pis que des flics. Et encore, ils se sont améliorés ces derniers jours en raison de notre présence. D’ordinaire, c’est pire, les habitués le disent tous », explique une membre du Réseau Éducation Sans Frontières (RESF).

D’ordinaire ? Comprendre : quand le réseau ne pointe pas le bout de son nez, tentant d’attirer l’attention sur le traitement réservés aux étrangers de Seine-Saint-Denis souhaitant se mettre en conformité avec la loi (demande de titre de séjour, renouvellement et délivrance). Quand il n’organise pas une conférence de presse sur le sujet, aussi [2]. Et quand ses militants ne font pas office d’observateurs des tristes usages de l’administration, enfin.

L’ordinaire, ce sont ces hommes qui accostent les gens, à quelques centaines de mètres de l’entrée de la préfecture de Bobigny, pour vendre des places - gardées à cet effet par d’autres - dans la file :« 20 €. Je te vends place, 20 € ». Ce sont ces deux files qui s’étirent dans la nuit, depuis l’entrée des bâtiments jusqu’à loin, loin derrière. Ce sont ces gens qui patientent dans le froid, debout, calmes, immobiles : patients. Ce sont ces hommes et femmes qui commencent à attendre la veille, à 20 h pour les premiers, à quatre-cinq heures du matin pour un grand nombre, afin d’être sûrs de pouvoir approcher un guichet et de faire avancer leur dossier. Ce sont - enfin - ces quelques employés de l’administration opposant visage fermé (sourire ? Parler humainement ? Et puis quoi encore ?) et gant de fer en réponse à la détresse de ceux qui, insignifiants, n’ont aucun moyen d’exiger un minimum de respect. (...)

Voir les photos et lire la suite sur Article XI 
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