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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 22:07
INTERVIEW

Eve Shahshahani, responsable des programmes «asile» pour l'Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, réagit après la publication par «le Figaro» d'un rapport de la Cour des comptes «accablant».

A deux jours de l’examen par la commission des lois du Sénat du projet de loi réformant le droit d’asile, le Figaropublie les extraits d’un rapport d’étape, en principe confidentiel, de la Cour des comptes. Les termes employés par les magistrats pour qualifier l’état du système sont forts : politique «insoutenable à court terme», un coût financier «insupportable», procédure «dévoyée». Tellement forts qu’ils interrogent. Le point de vue d’Eve Shahshahani, responsable des programmes «asile» pour l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), une association qui a étudié le projet de réforme et exprimé ses inquiétudes auprès du ministère de l’Intérieur et des parlementaires.

D’où sort ce rapport ?

Plusieurs études ont été commandées par le gouvernement ces deux dernières années pour faire l’état des lieux du système de demandes d’asile en vue de le réformer. Que la Cour des comptes ait été chargée de plancher sur le sujet n’est donc pas très étonnant. On peut cependant s’interroger sur le fait que ce rapport fuite aujourd’hui, à deux jours de l’examen du texte au Sénat. Et sur le vocable choisi: «la politique d’asile au bord de l’embolie». Cette expression est exactement la même que dans toute la communication institutionnelle du ministère de l’Intérieur. Cela ressemble à une marque de fabrique. Nous avons publié un contre-dossier de presse qui démonte point par point cette communication institutionnelle.

Dire que le système actuel des demandes d’asile ne fonctionne plus, est un constat que vous partagez, non ?

Oui, le système est mal en point depuis plusieurs années. L’Acat et les autres associations de défense du droit d’asile dénoncent des procédures injustes et trop longues. Mais nous faisons une analyse différente des causes du problème et des remèdes à y apporter. Le premier argument que nous contestons, c’est de dire qu’il y a une hausse phénoménale du nombre de demandeurs d’asile. C’est tout simplement faux. On a atteint en 2013 la barre des 60 000 demandes mais ce n’est pas la première fois, c’est cyclique: on était au même niveau en 1989, on l’a frôlé en 2004. Cette hausse aujourd’hui s’insère dans une courbe historique qui connaît des hauts et des bas et qui dépend des crises internationales. Les crises actuelles (Syrie, Irak, Soudan, Erythrée) poussent un nombre accru de civils innocents à fuir leur pays.

Surtout, en mettant ainsi les chiffres en avant, on s’en tient à une logique purement comptable et on élude l’essentiel : les demandeurs d’asile sont des personnes qui ont fui leur pays en guerre et qui cherchent un refuge. On oublie complètement cette dimension humaine, et pour cela, c’est dangereux.

Selon les informations du Figaro, la Cour des comptes note qu’1% des déboutés du droit d’asile quitte le territoire…

Là, encore, c’est un argument comptable fallacieux. En France, seuls 18% des demandeurs d’asile obtiennent une protection. Pour les 82% autres, la demande est rejetée. La moyenne européenne est à 35% de demandes acceptées. La France n’est pas du tout un pays généreux, comparé à l’Allemagne ou la Suède par exemple. Si seul 1% des personnes dont la demande est rejetée quitte le territoire c’est parce qu’ils ne peuvent pas repartir chez eux, où ils sont toujours en danger, et non parce qu’ils abusent du système. L’administration française le sait, parmi les demandes rejetées, certains se retrouvent en grand danger dans leur pays, et dans une extrême précarité en France, faute de statut.

 

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