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Qui Sommes-Nous?

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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 13:26

Elle s'était pourtant préparée à cette éventualité mais rien n'y fait : Françoise Duguet, responsable de la Cimade en Côte d'Or, est encore sous le choc de l'expulsion vers la Pologne d'une vingtaine de Géorgiens lundi 2 novembre à Marsannay-la-Côte. Des familles avec enfants qui demandaient asile en France et qu'elle avait tenté d'aider, envers et contre tout...

Une minorité discriminée dans son pays

"Juste avant leur départ pour la Pologne, au centre de rétention [Lyon ou Nîmes], ils ont pu m'appeler et ils me disaient : "La Cimade, vous nous avez abandonnés !". C'était terrible. On a pourtant tout mis en œuvre pour les aider... L'association dont je fais partie se consacre à l'accompagnement des étrangers migrants, en voie d'expulsion, demandeurs d'asile ou réfugiés. A ce titre, nous avons accompagné ces Géorgiens, en tout 21 dont quatre familles avec sept enfants, arrivés à Dijon au cours du premier semestre 2009. Nous suivions de près leurs dossiers et nous les accompagnions dans leurs démarches administratives à la préfecture de Dijon. En tant que Yézides, une minorité discriminée, ils avaient fuit la Géorgie. Là-bas, ils n'ont pas les mêmes droits que le reste de la population : leurs enfants ne peuvent pas aller à l'école, ils ne peuvent pas non plus renouveler leur passeport. Leur existence est niée dans leur propre pays et ils y vivent dans la crainte d'être agressés. Pour toutes ces raisons, ils avaient décidé de fuir vers la France, pour demander l'asile. Au cours de leur voyage, les passeurs les ont fait transiter par la Pologne, où leurs empreintes ont été relevées. C'est pour cela qu'il y ont été ramenés de force...

La loi était contre eux

Car il faut savoir qu'ils étaient placés sous la convention Dublin, qui prévoit notamment que le premier pays dans lequel entre une personne demandeuse d'asile est responsable de cette demande. Or, quand ils sont allés à la préfecture de Dijon pour faire une demande d'asile, cette dernière a interrogé la borne "Eurodac" qui a alors révélé que tous étaient d'ores et déjà passés par la Pologne. La Préfecture a ensuite interrogé les Polonais pour savoir s'ils acceptaient de les réadmettre et ils ont dit oui. Les Géorgiens, eux, ne voulaient pas y aller car ils doutaient de la capacité des Polonais à traiter correctement leur demande d'asile. Mais le droit était contre eux : depuis le départ, on savait bien que la Pologne était en quelque sorte responsable d'eux mais on gardait espoir.

Départ immédiat pour la Pologne...

On a essayé d'expliquer à la préfecture que les Yézides sont une minorité victime de sévices en Géorgie ; on leur a présenté tout un dossier sur eux... Mais nos démarches n'ont pas été prises en compte. On aurait au moins aimé qu'ils puissent déposer leur demande d'asile pour leur laisser l'impression d'avoir une chance. Après, cela aurait été à eux de plaider leur cause. Mais ils n'en ont pas eu l'occasion. La préfecture a attendu que la Pologne donne son accord pour le retour de l'ensemble des personnes, histoire de faire un vol groupé je suppose. Et lundi matin, le 2 novembre, la police s'est rendue à l'hôtel où ils résidaient à Marsannay, à six heures du matin, pour les amener à la gendarmerie. De là, ils ont été conduits dans les centres de rétention de Lyon et de Nîmes. Le lendemain, un avion préparé à Nîmes les a tous envoyés en Pologne. Pour eux, pas d'avocat, aucun recours possible. On a tous passé des heures au téléphone à essayer de négocier que leur avion ne parte pas. Mais rien n'y a fait.

"La préfecture fait son boulot"

Cela a été une expérience effroyable parce que ce sont des gens qu'on a suivis, connus, soutenus. Ils avaient envie de s'intégrer, ils apprenaient le Français, leurs enfants étaient scolarisés. Je n'en veux pas à la préfecture, ils ne font que leur boulot. J'ai eu le cabinet du préfet qui m'a assuré que leur arrestation s'était déroulée dans le calme, dans la dignité des personnes. Je crois même qu'un médecin était présent. Que voulez-vous ? Ils suivent des instructions... Monsieur Besson s'est fixé un objectif de 29 000 expulsions cette année. Et après, il nous sort le débat sur l'identité nationale. Je pense que tout cela n'est pas très fortuit..."

Hanaë Grimal | dijOnscOpe

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