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Qui Sommes-Nous?

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 09:19

En laissant tomber Mare Nostrum, l’Europe tourne le dos à la plus grande opération humanitaire lancée en Méditerranée, qui a permis de secourir plus de 150 000 personnes. Avec Triton, la priorité redevient le contrôle des frontières. Reportage.

(De Pozzallo, Italie) La frégate Aliseo est amarrée au port de Pozzallo au petit matin. A la poupe, entassés d’un bord à l’autre, il y a 435 migrants, dont huit femmes et un enfant.

La plupart proviennent d’Afrique subsaharienne. Ils sont partis il y a une semaine des côtes libyennes : ils ont passé trois jours sur une petite embarcation et quatre à bord de l’un des 32 bâtiments que la Marine italienne a déployés pour l’opération Mare Nostrum.

Adieu Mare Nostrum
Lancée en octobre 2013, l’opération Mare Nostrum a permis de secourir plus de 150 000 migrants, dont environ 18 000 mineurs, dans les eaux de la Méditerranée. Retour en images sur cette mission militaire et humanitaire italienne qui s’est achevée à fin octobre. L’objectif était simple : rechercher et secourir les migrants en Méditerranée, pour éviter les morts en mer. Une fois les embarcations repérées, l’ordre d’assistance partait. L’intervention était surtout effectuée par les navires de la marine militaire et des garde-côtes italiens, mais parfois aussi par les navires marchands se trouvant à proximité. Les migrants restaient souvent en mer plusieurs jours, le temps de remplir le navire de sauvetage avant de rejoindre la terre ferme, ceci afin de réduire les coûts.

Giancarlo Lauria, capitaine de la frégate Aliseo, précise :

« Ils voyageaient sur trois radeaux pneumatiques et étaient en difficulté à 70 milles des plages libyennes, dans les eaux internationales. La première chose que nous avons faite, c’est de les calmer, car même un petit mouvement peut être fatal. L’un des radeaux prenait l’eau ; nous sommes arrivés juste à temps. »

Pendant plus d’un an, l’Italie est allée secourir les migrants en Méditerranée et a cherché en vain la solidarité de l’Union européenne.

Celle-ci a répondu avec le lancement de Triton, une opération centrée sur la surveillance des frontières et la lutte contre les trafiquants.

Placé sous l’égide de Frontex, Triton voit jusqu’à présent la participation de quinze pays européens, dont la Suisse, pour un budget mensuel de 2,9 millions d’euros, soit un tiers de moins que l’opération italienne Mare Nostrum. Depuis le 1er novembre, la recherche et le sauvetage ne sont plus la priorité.

La porte-parole de l’agence européenne Frontex, Izabella Cooper, explique :

« Mare Nostrum était une mission humanitaire et militaire, qui n’a rien à voir avec Triton. L’objectif de Frontex est de s’assurer que personne n’entre sur le territoire européen sans être découvert.

Il est clair qu’en cas de risque de naufrage, les migrants seront secourus comme le prévoit le droit international, mais ce n’est pas l’objectif de Triton. »

C’est aussi pour cette raison que Triton restera à 30 milles des côtes italiennes, alors que Mare Nostrum allait presque jusqu’en Libye, là où l’on a trouvé début octobre ces 435 migrants débarqués à Pozzallo.

Identité provisoire

Plus de 3 000 morts en Méditerranée

Pendant toute la durée de l’opération, les débarquements en Sicile ont été pratiquement quotidiens. Plus de 1 000 migrants sont ainsi arrivés dans la cité sicilienne de Pozzallo dans les premiers jours d’octobre. Certains étaient épuisés par leur long voyage, pieds nus et affamés ; d’autres, en meilleur état, avec une valise dans une main et un téléphone portable dans l’autre, pour la première photo de la terre.

Mare Nostrum n’était cependant pas infaillible. Depuis janvier 2014, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés a recensé plus de 3 000 morts en Méditerranée. La situation pourrait encore se détériorer avec la fin de Mare Nostrum et le lancement de l’opération européenne Triton, dont le but premier n’est plus le sauvetage, mais la surveillance des frontières.

Le navire est arrêté déjà depuis quelques heures lorsque les premiers jeunes Africains commencent à descendre, par petits groupes de quatre ou cinq.

Les carabiniers prennent une photo d’identité sur laquelle on peut voir le visage et un bracelet à quatre chiffres, pour une sorte d’identité provisoire.

Alors qu’un premier groupe est transféré directement à Messine, à plus de 200 km de Pozzallo, les autres se dirigent sous la tente de Médecins sans frontières (MSF) pour les premiers contrôles sanitaires.

Les conditions d’arrivée dépendent beaucoup du voyage et de la région de provenance, nous explique Chiara Montaldo, qui dirige depuis un an l’équipe locale de MSF :

« En général, les Subsahariens sont ceux qui se portent le mieux, même s’ils ont traversé la mer dans les conditions les plus mauvaises, étant donné qu’ils ont moins de ressources économiques. Mais ce sont pour la plupart des hommes jeunes et ils peuvent récupérer plus vite de la fatigue de la traversée. »

Ensuite, il y a les Syriens :

« En général, ils peuvent se permettre de meilleures embarcations et passent moins de temps en mer. Mais à la différence des Subsahariens, il y a parmi eux aussi des personnes âgées, avec des maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension, et des enfants qui ont interrompu leurs vaccinations à cause de la guerre. »

Le troisième groupe est celui des Erythréens qui, avec les Syriens, constituent pratiquement la moitié des migrants. Chiara Montaldo précise :

« Ils portent des signes de violences physiques et psychiques. Beaucoup ont été violés – y compris des hommes – et torturés en Erythrée et en Libye. »

Pozzallo, ville des débarquements

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