Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Qui Sommes-Nous?

  • : Le blog de Fontenay pour la Diversité
  • : Blog du Collectif Fontenay pour la Diversité - RESF Fontenay-sous-Bois
  • Contact
17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 11:29

Cinq des sept salariés du salon parisien Supply Beauty, en grève depuis février, ont obtenu des titres de séjour. Ils sont déterminés à occuper les lieux jusqu'à la régularisation de leurs collègues.

L’immense drapeau rouge de la CGT flotte toujours devant la façade de Supply Beauty. Depuis deux mois, les sept salariés du salon de manucure et de coiffure situé dans le quartier de Château-d’eau à Paris (Xe arrondissement) ne quittent plus leur boutique. Ou presque. Impayés depuis décembre, ils se sont mis en grève le 3 février, et ont réclamé leur régularisation. Une première en France, si l’on en croit la CGT. Depuis, deux Ivoiriennes et trois Chinoises ont obtenu des papiers. Mais elles comptent bien continuer la lutte pour soutenir leurs deux collègues, Lin Mei Fan et Gang Huang, jusqu’à ce qu’eux aussi obtiennent leurs titres de séjour.

 

Comme tous les midis, l’heure est au repas. Quelques effluves de coriandre parviennent avec difficulté à nos narines, avant de disparaître, effacées par l’odeur agressive du dissolvant et de la colle à résine. Derrière leur table de travail, deux employés continuent la pose de faux ongles pour leurs clientes. «Il y en a de moins en moins pour les manucures», explique Raymond Chauveau, en charge à la CGT du collectif Migration Droits des migrants. «Les autres commerces font croire aux clients que le salon est fermé. Et contrairement aux autres boutiques du boulevard de Strasbourg, les salariés de "Supply Beauty" ne peuvent pas avoir recours à un rabatteur. Cela irait à l’encontre du mouvement de grève.»

«On est enfin indépendantes»

Le 7 avril, la préfecture a convoqué Lin Mei Fan et Gang Huang. Ce sont les seuls qui n’ont pas encore obtenu le récépissé de dépôt leur permettant d’obtenir un titre de séjour d’un an. «Au début, la préfecture avait dit non pour tous. Après, elle a accepté de régulariser trois salariés. Puis cinq. Maintenant, ils attendent la validation du ministère pour les deux derniers», explique Raymond Chauveau, en précisant que tous les éléments de chacun des dossiers avaient été envoyés à la préfecture aux alentours du 15 février. «En voyant que les salariés avaient repris le travail à leur compte pour alimenter la caisse de grève, la préfecture a compris qu’on avait la possibilité de faire durer la grève. Elle a compris qu’il était temps de lâcher du mou.»


A l’étage du salon, huit miroirs tapissent les murs d’une pièce de dix mètres carrés, entourés de photos de Rihanna et de Halle Berry découpées dans des magazines. Deux Ivoiriennes sont en train d’y coiffer deux jeunes clientes, sur un air de musique africaine. Pendant que Nogo tresse les cheveux d’une d’entre elles, Adja, lisseur en main, réalise un brushing en moins de cinq minutes. Toutes deux ont obtenu le récépissé leur donnant droit à un titre de séjour d’un an. «Maintenant, on pourra faire autre chose», explique Adja. «On devient enfin indépendantes. Etre sans-papiers, c’est comme être dans l’ombre. On est obligées de se cacher.» Pour le moment, elle ne sait pas encore si elle s’orientera vers une formation ou si elle continuera la coiffure. Ce n’est pas encore le moment d’y réfléchir : «Je suis prête à faire grève jusqu’à la fin. Jusqu’à ce que tout le monde obtienne des papiers.»


D’après la préfecture, «ces cinq salariées répondaient aux critères de la circulaire du 22 novembre 2012». Seules les trois Chinoises devront prouver par la suite leur niveau de français. «Leur niveau est très faible pour le moment, précise la préfecture, et il s’agit là aussi d’un des critères de cette circulaire.» Elle confirme également qu'«il reste deux situations en instruction, un homme et une femme. Ils ont été reçus la semaine dernière en préfecture.»

 

Lire la suite sur Libération

Partager cet article
Repost0

commentaires