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1 novembre 2015 7 01 /11 /novembre /2015 19:17

A l'occasion du Festival des Etoiles de la Scam, nous vous proposons de découvrir jusqu'au mardi 3 novembre à 10 h le documentaire “Voyage en Barbarie”, sur le trafic d’êtres humains dans la péninsule égyptienne du Sinaï. Cécile Allegra, coréalisatrice avec Delphine Deloget, nous en dit plus sur une réalité terrible et méconnue.

Voyage enBarbarie (1), bluffant documentaire sur la traite des migrants, réalisé par Cécile Allegra et Delphine Deloget, qui ont reçu cette année le prix Albert Londres pour ce film.

(1) Mise en ligne jusqu'au mardi 3 novembre, 10h00)

En ces temps où les réfugiés continuent de s’échouer sur les plages de la Méditerranée, où l’Europe se claquemure derrière des barbelés ou tente de déléguer la « gestion du flux » à une Turquie en voie de fascisation, il faut voir ou revoir Voyage en Barbarie. Tourné en 2014 et couronné du Prix Albert Londres 2015, le film de Delphine Deloget et Cécile Allegra s’empare d’une réalité méconnue : celle du trafic d’êtres humains qui se développe depuis 2009 dans la péninsule égyptienne du Sinaï, à la frontière avec Israël. Des réfugiés, souvent érythréens, y sont détenus dans des camps de torture et suppliciés par des bédouins jusqu’au paiement d’une rançon par la famille. Les frappes de l’armée égyptienne contre les foyers djihadistes semblent avoir désorganisé les filières, et les lieux de détention se redéploient en Libye, au Soudan ou au Yémen. Entretien avec Cécile Allegra, l’une des deux réalisatrices du documentaire.

Avant votre film, et quelques rares articles dans la presse, ce trafic d’être humains était largement ignoré. Comment avez-vous entendu parler de ce drame méconnu ?

En 2008, Delphine a fait un film, No London today, qui raconte le quotidien de cinq jeunes réfugiés à Calais, en attente de passage clandestin vers l’Angleterre. Elle avait été au contact de personnes de la communauté érythréenne et on lui avait parlé de « problèmes, là-bas dans le Sinaï ». Moi, je suis d’origine romaine et la ville concentre les plus gros squats de migrants en Europe. A de nombreuses reprises, j’avais croisé des gens avec des blessures extrêmement impressionnantes. Au début, avec Delphine, nous avons pensé que ces tortures étaient des dérapages, les actes isolés de passeurs, et puis à force d’en parler, de recueillir les témoignages de la communauté érythréenne, nous avons compris. Nous avons lâché les projets sur lesquels nous travaillions et nous nous sommes lancées dans l’enquête.

Qui sont les principales victimes des enlèvements et des séquestrations dans les camps de torture ?

Des Somaliens, des Ethiopiens, des Soudanais… passent par la même horreur. Mais les Erythréens sont la principale cible de ce trafic parce que leur pays est une dictature avec à sa tête un tyran paranoïaque. Issayas Afeworki a transformé le pays en prison à ciel ouvert. Le service militaire y est obligatoire à partir du secondaire, et à durée indéterminée. Ce système totalement militarisé vient prélever les jeunes, hommes et femmes, entre 15 et 16 ans, et les envoie dans des camps de travail forcé, façon Corée du Nord. Dans un rapport paru en juin 2015, l’Onu décrivait des violations flagrantes des droits de l’homme en Erythrée, commises par le pouvoir en place : tortures, esclavage sexuel, détention arbitraire, disparitions. C’est un pays d’inspiration soviétique où l’économie est étatisée et qui a besoin d’une main-d’œuvre abondante et gratuite pour fonctionner. La guerre éternelle contre l’état voisin éthiopien est une bonne excuse pour fournir ce contingent de travailleurs. Alors les gamins fuient massivement. Ils seraient quelque cinq mille par mois.

Quelle est la route de leur exil ?

Longtemps, les Erythréens ont tenté d’atteindre Israël où existe une diaspora anciennement implantée, même si ses membres n’ont jamais obtenu le statut de réfugiés politiques. Grâce à des passeurs, ils y parvenaient. Mais, au tournant de 2009, la situation a basculé. Les intermédiaires se sont mis à torturer les réfugiés. Pourquoi ? La question se pose. Et il faut se pencher sur les méthodes utilisées, très militaires : recours à la gégène, brûlures au fer rouge, amputations. Cela est allé crescendo. Du coup, les Erythréens ont cessé de vouloir y aller. Les tortionnaires sont alors venus les chercher. Une énorme logistique du trafic s’est mise en place : des lieux de détention, des tortionnaires chefs qui commandent la matière première, des gares de triage, de petits gardiens chargés de pratiquer les exactions, des livreurs qui sont des membres de l’armée érythréenne qui raflent et vendent cette matière première à la frontière. Et il y a aussi des kidnappeurs, de la tribu des Rachaïdas, qui ciblent les gros camps de réfugiés. Ils enlèvent pour approvisionner cette nouvelle traite des nègres.

Comment êtes-vous entré en contact avec les rescapés ?

Lire l'interview et voir le reportage sur Télérama

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Published by Fontenay - Diversité