Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Qui Sommes-Nous?

  • : Le blog de Fontenay pour la Diversité
  • : Blog du Collectif Fontenay pour la Diversité - RESF Fontenay-sous-Bois
  • Contact
16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 10:50

Voici une biographie très synthétique d'un authentique rebelle, un scientifique brillantissime que j'ai pu côtoyer (de loin !), à Montpellier. En fait je ne l'ai approché que deux fois : dans un jury d'examen (qui m'a marqué, voir à la fin de l'article) et...au Palais de Justice où il comparaissait pour avoir hébergé des sans-papiers. Cela se passait à la fin des années 70.

 

 Disons-le tout de suite, Grothendieck est - pour beaucoup - le plus grand mathématicien du XXème siècle.

 Médaille Fields -l'équivalent du Prix Nobel pour les mathématiques- en 1966, il refusera de se rendre à Moscou pour recevoir le prix, protestant ainsi contre les traitements infligés par les soviétiques aux écrivains Siniavski et Daniel.

 Première rébellion... il y en aura beaucoup d'autres !


 C'est pour son apport au renouveau de la géométrie algébrique que Grothendieck reçoit la médaille Fields. Son but a toujours été de trouver "le ferment universel", l'unité profonde des mathématiques.

 C'est aussi un homme qui a souffert dans sa chair des pires turpitudes du XXème siècle, qui a fini par rejeter sa discipline, ses confères, ses amis, ses élèves et par perdre la raison (?).

 

 Cette rupture brutale, cette rébellion radicale, survient en 1970.

 Ayant appris que l'IHES (où il travaillait depuis dix ans) recevait des subventions du ministère de la Défense, Grothendieck démissionna sans autre forme de procès. Il se mit à prêcher la nécessité d'arrêter immédiatement toute recherche en mathématiques, car elles conduisaient inévitablement à des applications militaires.

Toujours en 1970, au Congrès international de mathématiques qui avait lieu à Nice, il vint interpeller ses collègues (il fût expulsé manu militari!) et distribuer des exemplaires du bulletin écologiste qu'il avait créé, Survivre et vivre.

 On lui propose néanmoins un poste de professeur temporaire au Collège de France. Grothendieck prévient qu'il y fera aussi du prosélytisme écologiste : son contrat ne sera pas renouvelé. Petit à petit, Grothendieck se coupe des mathématiciens et surtout des mathématiques : il n'en fait quasiment plus.

 

 Il est néanmoins nommé professeur à Montpellier en 1973. Avec sa jeune compagne il s'installe dans un village de l'arrière-pays montpelliérain, Olmet-et-Villecun, où il élève des chèvres et héberge des immigrés sans-papiers.

 Il n'est bien sûr pas à l'aise dans son métier d'enseignant et souhaite rejoindre le CNRS, ce qu'il fait en 1984, après un premier échec (honte au corporatisme français, honte à ceux qui n'ont pas voulu d'un apatride qui n'était pas passé par la rue d'Ulm !). Il n'aura même pas droit au titre de Directeur de recherche !

 

 Il avait rédigé, entre la fin des années 70 et le milieu des années 80, trois textes visionnaires (et quasiment encore non exploités ?) : A la poursuite des champs, la Longue Marche vers Galois et surtout Esquisse d'un programme, où il indique le chemin que les mathématiciens devraient emprunter pour continuer le mouvement de synthèse de la géométrie algébrique. Ce texte lui servira de dossier de candidature au CNRS !

 

 En Avril 1988, l'Académie Royale des Sciences de Suède lui décerne le Prix Crafoord, avec l'un de ses anciens élèves, le belge Pierre Deligne. Mais dans une lettre, publiée par le journal "Le Monde" du 4 Mai de la même année, il annonce qu'il refuse ce prix, ainsi que les 270 000 dollars qui lui sont associés.

Il justifie son refus par la dérive de la "science officielle" :

 "Je suis sensible à l'honneur, (...), je ne souhaite pas recevoir ce prix (ni d'ailleurs un autre), (...), mon salaire, (...), est beaucoup plus que suffisant pour mes besoins, (...). Dans les deux décennies écoulées, l'éthique du métier scientifique s'est dégradée... la fécondité se reconnaît par la progéniture, et non par les honneurs.".

 

 

Lire la suite sur Médiapart


Partager cet article
Repost0

commentaires