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Qui Sommes-Nous?

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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 07:24

Lettre ouverte

Je suis une enseignante. Plus exactement je suis une " maîtresse CRI " (Cours de rattrapage intégré). J'ai reçu comme mission de l'Education Nationale d'accueillir les enfants étrangers et de leur enseigner le français à l'école primaire. Il s'agit d'une responsabilité que je considère comme très grande, et je tâche de l'assumer au mieux de mes possibilités.

Ainsi, tout au long de l'année, depuis 6 ans, j'accueille des garçons et des filles venus du monde entier. Ils arrivent avec leurs parents et frappent à la porte de nos écoles. Tous sont chargés des inquiétudes de ce qu'ils trouveront derrière le portail, mais tous sont chargés des espoirs de ce que ce grand bouleversement va leur apporter./DIV>

Il y a 6 ans, Aynur, Hazan, Eddanur, Tomas, Cristina, étaient de ceux-là. Timidement, ils atterrissaient dans des classes des écoles de Montélimar. Chaque enfant regardait son enseignant avec les yeux avides d'apprendre, mais désolé de ne rien comprendre. En cours de CRI, tout allait plus lentement, tous captaient des mots, des phrases, ils les redisaient, gênés au début, mais avec plus d'aplomb chaque jour, car ils se sentaient de plus en plus en confiance. Et puis en classe, la gentille maîtresse ne les grondait pas. Elle leur souriait, disait des mots qui, peu à peu prenaient du sens. Et eux s'essayaient à redire les mots, à répondre aux questions des copains. C'était parfois tout faux, un mot à la place de l'autre, et les copains riaient ! C'était vexant au début, mais avec l'amitié des autres qui donnaient le mot juste, ils finissaient par bien le prendre et s'améliorer. Et ils se trompaient de moins en moins. Et ils s'aventuraient à dire des mots nouveaux, des phrases nouvelles. Et les copains disaient " bravo ! ". Et la maîtresse gentille félicitait. " Tu apprends très vite ! ". C'était dur pourtant tous ces mots à retenir ! Tous ces efforts à faire pour rester attentif… Alors parfois un brouillard de mots s'installait tout autour, et ils s'enfonçaient dans le brouillard, pour se faire oublier, pour s'échapper et penser aux larmes que la grand-mère n'avait pu cacher au moment du départ…C'était dur, oui, c'était dur. Le soir, la tête allait exploser, et ils étaient contents de retrouver leurs parents pour parler la langue facile, celle qu'on n'a " même pas apprise, parce qu'on la connaît déjà ". Mais les parents ne leur laissaient pas le temps de se reposer. Ils insistaient pour qu'ils aillent au soutien FLE , qu'ils révisent les leçons de français, parce que les parents savent bien que leurs enfants apprendront plus vite qu'eux, et qu'il faut les encourager pour réussir à l'école. Parce que si on réussit à l'école, on s'en sortira…

L'année d'après, hormis la manière de rouler les " r ", ou de se tromper d'auxiliaire, plus personne ne se souvenait de leur arrivée ; ils étaient des meneurs de jeu, des bons en maths, des doués en arts plastiques, et des excellents apprenants d'anglais, cette langue si difficile à apprendre pour les autres. (...)

Françoise Estival - Enseignante CRI (Cours de Rattrapage Intégré) Montélimar - 14-déc-08

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