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5 novembre 2015 4 05 /11 /novembre /2015 23:36

Sur Itélé, mercredi, Florian Philippot a mis un premier coup de canif dans l'engagement de Marine Le Pen de passer de 200 000 à 10 000 entrées légales sur le territoire. On comprend son embarras : la proposition est intenable.

C’est probablement la plus belle arnaque du programme du FN. Depuis quatre ans maintenant, le parti affiche gaillardement l’objectif d’une division par 20 de l’immigration légale. Un engagement qui a tout du slogan impossible à tenir. Au point que Florian Philippot, hier, s’est livré à une interprétation toute personnelle de cette promesse. Le lieutenant de Marine Le pen était sur le plateau d’Itélé face à Geoffroy Didier (LR).

On aimerait savoir à quel document Florian Philippot fait référence. Car nulle part nous n’avons trouvé mention de ce solde. En revanche, il est très aisé de voir que, dans le programme du FN, il est question de limiter à 10 000 le nombre d’entrées légales.

Et pour que les choses soient bien claires, il est même écrit sur le site du parti qu’il s’agit d’une division par vingt du nombre d’entrées légales. De solde, nulle trace.

Mais ce gros bobard de Florian Philippot est surtout révélateur du flou (à tout le moins) autour de cette promesse. Car si Marine Le Pen martèle cet objectif depuis quatre ans, il suffit de l’examiner quelques minutes pour mesurer qu’il est tout bonnement intenable.

Passer de 200 000 à 10 000 : comment on fait ?

Selon Marine Le Pen, la barre des 10 000 n’est pas fixée au hasard. Voilà ce qu’elle disait dans sa conférence de presse consacrée à l’immigration le 21 février 2011 : «Aujourd’hui, on distribue environ 200 000 titres de séjour par an. C’est beaucoup trop, c’est beaucoup plus que dans les pays voisins comparables [ce qui est totalement faux, ndlr] et ça ne fait qu’augmenter. Aux affaires, le Front national s’engagera à réduire l’immigration régulière à 10 000 par an. 10 000 par an correspondant au seuil incompressible permettant une immigration très qualifiée, dans des secteurs où nous manquons réellement, je dis bien réellement, de compétences en France, et qui correspond aussi à la formation des élites de pays amis dans lesquels nous aspirons à rayonner culturellement.»

Interrogée par Rue89 en janvier 2012 sur la manière d’y parvenir, Marine Le Pen promet de grandes coupes dans l’immigration de travail et le droit d’asile ainsi qu’une interdiction du regroupement familial. Il resterait donc, parmi les 10 000 immigrés encore autorisés à franchir les frontières, une majorité d’étudiants (tant qu’ils s’engagent à repartir dans leur pays à la fin de leur cycle), une poignée de travailleurs (si aucun Français n’a voulu de leur poste) et quelques réfugiés (si les menaces qu’ils subissent dans leur pays d’origine sont bien «réelles»).

Fort bien. Mais c’est en regardant la réalité des 200 000 entrées légales qu’on se mesure les difficultés voire l’imposture de l’objectif.

Prenons trois postes principaux, l’immigration familiale, les étudiants et l’asile.

L’immigration familiale : l’équation impossible de Marine Le Pen

A lui seul, l’examen de ce pan de l’immigration révèle le gag de l’objectif frontiste. L’immigration familiale représentait en 2013 93 000 entrées légales, soit près de la moitié du total. Il convient donc, comprend-on, de passer de 93000 à 0. Pour arriver à son objectif, Marine Le Pen s’est jusque-là bornée à répéter qu’elle interdirait le regroupement familial. Soit la procédure qui permet au ressortissant étranger régulièrement installé en France d’être rejoint, sous réserve de remplir certaines conditions (de logement et de ressources notamment) par les membres de sa famille (son conjoint et ses enfants mineurs). L’interdiction du regroupement familial contreviendrait au droit à mener une vie privée et familiale reconnu par l’article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Mais passons sur les droits, qui ne sont pas, on l’a compris, la priorité du FN.

Lire l'article entier sur Libération

Le problème est que la présidente du FN ne semble pas tout à fait avisée des statistiques. Car le regroupement familial ne se confond pas avec l’immigration familiale, loin s’en faut. Il n’en est qu’une petite partie (un quart environ, qui apparaît dans les statistiques dans la rubrique «membre de famille»). En 2013, le nombre d’entrées légales des membres de familles était de 23 132. Il reste sur les bras du FN 70 000 entrées, dont une catégorie qu’il n’a visiblement pas prise en compte : l’immigration des parents et conjoints de Français qui figurent dans les stats dans la rubrique «famille de Français». Il s’agit d’un gros millier d’enfants qui rejoignent chaque année leurs parents Français, d’une dizaine de milliers de parents étrangers de Français. Et surtout des conjoints étrangers de Français. Ces derniers sont près de 40 000 chaque année à rejoindre leur(s) époux(se) français(es), soit un cinquième des 200 000 immigrés arrivants chaque année en France.

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Published by Fontenay - Diversité