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9 juin 2015 2 09 /06 /juin /2015 23:02

Une semaine après l'expulsion du campement de La Chapelle, près de deux cents migrants ont atterri dans un jardin associatif du 18e arrondissement.

Ils étaient 50 hier, 200 aujourd’hui – combien seront-ils demain ? Au Bois Dormoy, jardin partagé du 18e arrondissement de Paris, la vie s’organise comme elle peut, avec une toilette sèche pour tout le monde et de vieux matelas en guise de lits. Avec l’été viennent la chaleur le jour et les moucherons le soir. Mais ces dernières nuits, «il fait froid», explique Saleh Abdoulaziz, 31 ans, un Tchadien qui a passé plusieurs années à cuisiner en Libye avant de rejoindre la France, laissant sa femme et son enfant, dans l’espoir de pouvoir les faire venir plus tard. «Je crois que c’est un paradis», dit-il de ce pays qui, pour l’heure, le laisse dormir dehors.

Ce mardi, près de 200 personnes s’apprêtent à passer la nuit sous les arbres. Les plus chanceux ont un matelas, les autres une simple bâche pour se protéger de l’humidité, ou une couverture de survie. Au fond du jardin, devant un miroir brisé, un homme se rase. Le long d’un autre mur, des multiprises en cascade accueillent les téléphones qui permettent de garder un contact avec les proches. Appelée en urgence, l’association Une Chorba pour tous est venue préparer une centaine de repas : des pâtes à la sauce tomate et des yaourts.

Depuis quelques jours déjà, l’association du Bois Dormoy était sollicitée pour accueillir les migrants, pour la plupart originaires de la Corne de l’Afrique, dont certains sont ballottés de gauche à droite depuis le démantèlement du campement de La Chapelle. Lundi soir, «face au désespoir» et après la violente opération de police à la Halle Pajol, on «a décidé d’ouvrir le jardin», raconte Agathe Férin-Mercury, une des membres.

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«On n’a eu aucune nouvelle de la mairie de Paris, à qui appartient le terrain, poursuit-elle. Alors on s’est organisé. Plusieurs associations se chargent de la distribution de nourriture, les riverains ont apporté des vêtements, la pharmacie du coin nous a fait de bons prix sur les médicaments.» Mais la jeune femme, qui prépare le barreau et a abandonné ses révisions pour un temps, espère que cette solution d’urgence ne deviendra pas «durable». «Ce n’est pas tenable, détaille-t-elle. Il y a des gens malades, certains ont été blessés lors de l’intervention policière.»

Pas de sortie après 19 heures

Aladin, Soudanais de 34 ans, en fait partie. L’homme, arrivé en France il y a quinze jours, montre son pied bandé. «J’ai passé cinq heures à l’hôpital à cause de la police», raconte-t-il. En Europe, il a déjà traversé la Grèce, l’Italie, la Suisse. C’est en France qu’il a demandé l’asile. «Mais je dois attendre deux mois, trois mois, je ne sais pas.»

A quelques pas de là, un groupe de Soudanais termine de manger. Siddig, 28 ans, ne compte pas sortir du jardin. «Après 19 heures, on a pour consigne de ne pas aller dehors.» Il craint d’être arrêté par la police. Surtout, il espère que les autorités viendront écouter son histoire, «comme le font les journalistes depuis le début de la journée». Lui et ses amis sont intarissables sur le Darfour, dont ils se disent originaires. Ils évoquent les Janjawids, ces miliciens coupables de crimes de guerre. Un autre ajoute avec ses quelques mots d’anglais : «Si vous ne voyez pas de vos yeux, vous ne pouvez pas y croire.»

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Published by Fontenay - Diversité