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Qui Sommes-Nous?

  • : Le blog de Fontenay pour la Diversité
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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 10:23

Il y avait du monde à la manif même si les photos ne permettent pas de voir la longueur du cortège: plusieurs centaines de  personnes dont une majorité de jeunes...

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 19:36

Ce Congolais de 29 ans, arrivé en France en 2004 et père de deux enfants, ne peut être régularisé. Il y a trois ans, pourtant, Manuel Valls le soutenait très fortement.

«On peut me renvoyer 20 000 fois, je reviendrai 40 000 fois.» Francis Mumbudi est du genre déterminé. Cet homme de 29 ans, originaire de République démocratique du Congo (RDC), vit en France depuis 2004, en situation irrégulière. Signe particulier : Mumbudi a reçu, il y a trois ans, le soutien appuyé de Manuel Valls, alors maire d’Evry (Essonne). Le même Manuel Valls, aujourd’hui ministre de l’Intérieur, affirme désormais ne pas être en mesure de régulariser sa situation.

Francis Mumbudi reçoit un vendredi d’octobre, chez lui, à Evry. Un appartement soigneusement décoré, celui de son amie Irène. La télé est allumée sur Canal Plus. Ce soir-là, c’est Carole Bouquet qui passe au Grand Journal. Il n’y prête guère attention. Il déroule le fil de son histoire, qui commence en 2004. «Avec des amis, on avait monté un groupe d’autodéfense dans mon quartier de Kinshasa. Ça n’a pas plu aux autorités.» Menacé, le jeune homme décide de quitter son pays natal.

Un oncle l’aide à rejoindre la France. Il s’installe d’abord à Corbeil-Essonne, chez sa tante, puis à Evry (91). Très vite, sa première demande d’asile est rejetée. Peu importe, Francis fait sa vie dans le département. Il rencontre Jolie, une compatriote. Le couple se marie. Ils ont deux enfants, Jofrisse, née en 2005, et Kenny, en 2008. Francis travaille comme électricien. En 2008, il tente d’obtenir une carte de séjour «Vie privée et familiale». Nouveau refus. «Je suis tombé sur la mauvaise personne à la préfecture. Des amis dans la même situation que moi ont eu des papiers.»

Renvoyé en RDC

La vie du couple bascule en août 2010, lors d’un contrôle d’identité de routine. En situation irrégulière, contrairement à sa femme, Francis est arrêté, puis envoyé au centre de rétention de Massy-Palaiseau. Quatre passages au tribunal et vingt-quatre jours plus tard, il est finalement mis dans l’avion pour la RDC. «Je ne voulais plus être enfermé comme un voleur. J’ai appelé Jolie, et je lui ai dit "Je rentre".»

A Evry, le mouvement de solidarité est immédiat. Symboliquement, Francis Mumbudi est élu représentant des parents d’élèves au conseil de l’école maternelle de son aînée. Le Réseau Education sans frontières (RESF) se mobilise aussi et alerte les élus locaux. Notamment Manuel Valls, le député-maire d’Evry. Le socialiste donne de sa personne. Il s’adresse à Brice Hortefeux, alors ministre de l’Intérieur.

«Au regard de l’ensemble des éléments sur la vie personnelle de Monsieur Mumbudi Kalle, et, étant moi-même particulièrement sensible à la détresse de cette famille, je souhaiterais que vos services puissent accorder une attention toute particulière à cette situation afin, notamment, d’accélérer la procédure de regroupement familial», écrit-il dans une lettre dévoilée par Arrêt sur images.

 

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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 11:34

Lycéens et étudiants se sont mobilisés depuis la mi-octobre pour empêcher l'expulsion d'enfants scolarisés : Khatchik Kachatryan, un élève arménien de 19 ans, et Leonarda Dibrani, collégienne kosovare. Milena Mk, qui tient à garder l'anonymat, est l'une de ces lycéennes. Elle tient à rappeler que les élèves n'ont pas fait ça pour sécher les cours mais par conscience politique.

Je suis élève en première ES dans un lycée de banlieue parisienne. Mon lycée, comme beaucoup d'autres en Ile-de-France, s'est mobilisé contre les expulsions d'élèves sans papiers. Nous avons effectué un blocus de l'établissement et participé aux manifestations parisiennes organisées par les syndicats lycéens.

 

Comme souvent lors de mobilisation lycéenne nous avons été accusés de n'y participer que pour sécher les cours ou encore parce que nous étions manipulés par certains partis ou syndicats. Ce serait de la mauvaise foi de ma part que d'affirmer qu'aucun lycéen n'a profité de ce mouvement pour raté les cours ou qu'aucun parti ou hommes politiques n'ait essayé de récupérer le mouvement, mais ces faits sont de loin minoritaires.

 

Un mouvement lycéen

 

Après l'expulsion de Khatchik et Leonarda, deux élèves en situation irrégulière, les lycéens, notamment parisiens, ont été les premiers à réagir et protester contre ces expulsions. Nous l'avons fait de façon autonome sans qu'aucune personnalité politique ni aucun parti ne nous y ait poussé. C'est une initiative que nous avons pris seuls avec simplement certains syndicats lycéens tels que la FIDL et l'UNL. Ce mouvement est un mouvement lycéen et le restera même si certains partis essayent de s'y implanter.

 

Nous nous sentons concernés par ce sujet car nous savons qu'il peut viser un ami ou un camarade de classe. Nous savons également que nous avons beaucoup de chance d'avoir accès à l'éducation et voulons que tous les jeunes vivants en France puissent eux aussi y accéder avec ou sans papiers.

 

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 21:55

 

K., 27 ans, nous a contactés quelques heures après la déferlante médiatique autour de Leonarda.

« J’aurais pu être cette Leonarda. Ça aurait pu être moi il y a dix ans. »

K., assez grand, les yeux marrons, a quitté la Macédoine avec son père – séparé de sa mère depuis longtemps – et sa sœur cadette au début des années 90. Pour des raisons économiques principalement :

« Il n’y avait pas d’avenir pour moi et ma sœur. Mon père avait des positions assez spécifiques par rapport à l’ex-Yougoslavie mais je ne peux pas dire qu’il était persécuté politiquement. »

Après un passage par l’Italie, K., son père et sa sœur sont arrivés à Osny (Val-d’Oise) durant l’été 1996.

« On était sur le fil du rasoir »

K. a 10 ans. Sa sœur et lui sont immédiatement scolarisés. Son père demande l’asile. Commence alors une longue bataille avec l’administration française.

Après le rejet de sa demande, son père dépose un recours. La famille est envoyée dans un foyer pour demandeurs d’asile des Pyrénées-Orientales. Puis, une association leur trouve un logement dans la région.

K. poursuit sa scolarité. Il veut s’intégrer, apprend le français (qu’il parle aujourd’hui sans accent), réussit à l’école.

« Je n’ai jamais redoublé ni au collège, ni au lycée. J’ai toujours bossé comme un malade. »

Pour preuve, K. nous a envoyé tous ces bulletins scolaires depuis le CM2 et les bilans de chaque trimestre.

« On était sur le fil du rasoir. Même si on était mineurs, on était toujours sous le coup de l’expulsion. On savait que notre situation pouvait basculer du jour au lendemain. »

Un jour, en rentrant de la piscine...

En cinquième, il participe à un concours au collège. Il remporte le premier prix et gagne un voyage pour Osaka, au Japon.

« Le préfet a refusé de me laisser partir. Je n’étais pas français, je n’avais pas de papiers. Je suis resté ici. »

En troisième, jusqu’au dernier moment, il ignore s’il pourra passer le brevet, faute de papiers. Il pénétrera finalement en salle d’examen.

 

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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 19:36
Déboutés, ils n’ont plus le droit de rester au centre d’accueil des demandeurs d’asile. Mais aucune solution n’est proposée en échange.

 

En mai dernier, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, annonçait qu'il fallait réformer le système d'accueil des demandeurs d'asile, le jugeant « à bout de souffle » : hausse exponentielle des demandes, procédures d'examen des dossiers trop longues, centres d'accueil (CADA) saturés…

 

La réforme n'est pas encore effective mais on ressent déjà un net durcissement du ton à l'égard des demandeurs d'asile.

 

À Gien, trois familles, angolaise, tchétchène et géorgienne, ont été déboutées par la commission de recours il y a quelques semaines. Légalement, elles n'ont plus le droit d'occuper un logement au CADA. Hier, une vingtaine de bénévoles d'associations était mobilisée devant les locaux pour empêcher que ces adultes et pas moins de douze enfants ne soient jetés à la rue.

 

Car, s'il y a encore quelques mois, les responsables du CADA interpellaient les autorités sur d'éventuelles situations d'urgence sociale, ce n'est plus le cas. « Nous ne pouvons plus rien pour eux. La solution, ils la trouveront en appelant le 115 », indiquait hier une responsable du centre d'accueil géré par Coallia (ex-AFTAM). « Ça n'est plus notre affaire. Nous, on n'est pas décideurs. »

 

Ne pouvant user de la force pour faire sortir les familles du CADA, il semble qu'une forte pression ait été exercée pour les pousser à quitter les lieux. « On les convoque toutes les deux heures, en leur disant :" Va dans la rue et, là, tu trouveras la solution." C'est un véritable harcèlement, sur des personnes déjà très fragilisées », déplore Michel Coutellier, président du SPAD (Service pour l'accès aux droits). « Il n'y a pas de places d'hébergement d'urgence du 115 dans le Giennois. Tout ce qu'on peut leur proposer, ce sont des nuits d'hôtel quelque part dans le département. La journée, parents et enfants seront dans la rue. C'est lamentable. »

Sissy Ndunguna Zola, hier, ne savait pas où dormiraient ses quatre enfants dans les jours à venir. Son époux, en Angola, était directeur de cabinet d'un vice-ministre. Du jour au lendemain, il a été jeté en prison et sa femme, alors enceinte, contrainte de s'exiler. Arrivée en France, Sissy a perdu son nourrisson d'un mois. « Nous avions tout dans notre pays : une maison, plusieurs voitures. Ici, nous sommes complètement démunis et nous n'avons aucune nouvelle de mon mari. »

 

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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 20:40
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 Il y a un an, la maire de Lampedusa écrivait une lettre pour tenter d’alerter les Européens. Rien n’a changé.
Je suis la nouvelle maire des îles de Lampedusa et Linosa. [...] J’ai déjà reçu 21 cadavres de personnes noyées qui tentaient d’atteindre Lampedusa et pour moi c’est tout simplement insupportable.

Pour Lampedusa, c’est un énorme fardeau de douleur. Nous avons dû demander de l’aide par le biais de la préfecture aux maires de la province afin de donner une sépulture digne à onze personnes parce que la commune n’avait plus de place disponible.

J’en ferai d’autres, mais je retourne à tous une question : jusqu’où faudra-t-il agrandir le cimetière de mon île ?

Je ne comprends pas qu’une telle tragédie puisse être considérée comme normale, comme s’il était possible de ne pas être obsédé chaque jour par l’idée, par exemple, que onze personnes dont huit très jeunes femmes et deux garçons de 11 et 13 ans meurent tous ensemble pendant un voyage qui aurait dû être pour eux le début d’une nouvelle vie.

Le nombre des réfugiés s’élevait à 115 ; 76 n’ont pas été sauvés mais le nombre de morts que restitue la mer est toujours plus élevé.

 

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 21:44

Notre riveraine Raluca, née en Roumanie, écrit au ministre de l’Intérieur qui, à force de confusions sur les Roms, lui porte « un réel préjudice au quotidien ».

Monsieur le ministre,

Vous avez déclaré, le 24 septembre, souhaiter dire la vérité aux Français sur les Roms. Votre constat du clivage réel entre le mode de vie des Roms et les attentes, voire les souhaits des citoyens sédentaires de France à leur égard, m’a semblé lucide et pertinent.

Il n’en est pas moins que j’ai été profondément choquée par la teneur de vos propos portant sur la solution que vous envisagiez apporter à ce problème précis, auquel la société et les autorités françaises sont confrontées.

Je doute, qui plus est, que la solution préconisée par vous soit réaliste ou favorable à la France sur le plan européen... ni qu’elle puisse être réellement appliquée, et encore moins suivie des effets escomptés, en l’occurrence la résolution du problème.

Est-ce donc là le discours de vérité annoncé par un membre du gouvernement, ministre de l’Intérieur ? Ou s’agit-il d’un message marketing et d’un nouveau positionnement du politicien Manuel Valls ?

 

1 Le constat

 

En effet, vous avez déclaré que :

« Ces populations [roms, ndlr] ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres [...]. C’est illusoire de penser qu’on réglera le problème des populations roms à travers uniquement l’insertion. »

C’est loin d’être faux, en effet. Les Roms s’affirment comme étant des nomades, des itinérants, toute une population (et un peuple à part entière), se plaçant résolument en marge d’un système reposant sur la sédentarité et s’adressant aux sédentaires.

Les Roumains, les Bulgares, les Grecs, les Hongrois, les Croates le savent bien, et depuis fort longtemps, ayant été confrontés à diverses difficultés de cohabitation avec les Roms sur leurs territoires.

Renouer avec l’histoire des Roms en France

Tout comme les Français, les Espagnols, et tant d’autres pays de l’Europe. Vous-même n’êtes pas sans savoir que, présente en Espagne depuis le XVe siècle, la communauté rom – qui est là-bas la plus grande en Europe occidentale avec 650 000 à 800 000 membres – affirme régulièrement (par le biais de ses porte-parole) n’avoir jamais pu trouver sa place dans la société ibérique.

Sous Franco, le code civil espagnol allait jusqu’à faire des Gitans des suspects potentiels. Relevons au passage que même les pires régimes totalitaires de l’Est européen, tout comme celui de Vichy en France ou celui de Franco en Espagne, n’ont pas été en mesure – malgré toutes les terribles et
regrettables dérives inhumaines pratiquées alors – d’intégrer les populations rom dans la société sédentaire.

Dois-je vous rappeler, monsieur Valls, le site du camp de concentration de Montreuil-Bellay, par exemple ?

De 1941 à 1945, la France vichyste a transformé ce lieu parmi d’autres en un camp pour « individus sans domicile fixe, nomades et forains, ayant le type romani » (des « romanichels au teint tanné » à sédentariser par la force). Ils étaient gitans, roms et tsiganes, nous apprend-on. Et pas « roumains » ou « bulgares ».

En 2010, les ruines de ce camp ont été déclarées « site protégé » par les autorités françaises, afin d’empêcher leur disparition et d’en faire un lieu de mémoire.

Pourquoi ne pas s’y rendre, monsieur Valls, afin de montrer publiquement une volonté préalable de renouer avec l’histoire des Roms en France, y compris en ses heures les plus sombres et les plus éprouvantes ?

Pas d’argent européen pour eux

Parlant « insertion des Roms en France » et fonds européens et français afférents, pourquoi ne pas préciser aussi clairement que possible aux Français, monsieur le ministre, que la France a perçu une enveloppe de crédits européens de 14,3 milliards d’euros de la part du Fonds européen de développement régional (Feder) et du Fonds social européen (FSE) pour l’ensemble de la période 2007-2013, soit plus que la Roumanie et la Bulgarie réunies ? (Chiffres extraits du rapport téléchargeable ci-contre de la Cour des comptes intitulé « L’Utilisation des crédits du Fonds social européen : des améliorations mais toujours une grande dispersion des actions ».)

Il n’en est pas moins que chaque pays décide, au sein de cette enveloppe globale de crédits, de la part qu’il consacre au FSE. Dans le cas de la France, cette part représente 5,4 milliards d’euros, au lieu de 7 milliards d’euros pour la programmation précédente.

Contrairement à d’autres pays, comme l’Espagne ou la Roumanie, la France n’a pas souhaité, qui plus est, attribuer des fonds spécifiquement aux Roms au sein de cette enveloppe. En revanche, l’un des « axes » du programme prévoyant la répartition du FSE en France est explicitement consacré à la lutte contre la discrimination, afin de favoriser l’inclusion et la cohésion sociale.

Au total, la France consacre 39% du FSE à cette priorité. « A titre de comparaison, selon les données fournies par la Commission, le Royaume-Uni en consacre 23%, l’Allemagne 20%, l’Italie 9% et l’Espagne 7% », peut-on lire dans le document de la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) cité plus haut.

Pourtant, au vu des actions entreprises, pratiquement rien n’a été consacré par la France aux Roms sur ces fonds.

« Pas porteur politiquement », n’est-ce pas M. le ministre ?

Selon Morgan Garo, docteure en géopolitique et auteure de l’ouvrage « Les Roms, une nation en devenir ? » (éd. Syllepse, avril 2009), la faible utilisation des fonds européens en faveur des Roms en France s’explique par l’obligation d’identifier et de cofinancer les projets. Elle juge :

« Qui va cofinancer des projets destinés aux Roms ? Ce n’est pas porteur
politiquement. »

Se trompe-t-elle, monsieur le ministre ?

En foi de ces quelques chiffres et précisions, je vous serais réellement reconnaissante de veiller, monsieur le ministre, à ce que plus aucun membre des équipes du gouvernement ne s’autorise à affirmer aux Français que la Roumanie et la Bulgarie ont perçu « les » fonds européens pour l’intégration des Roms, et pas la France.

Ce serait une mystification tout à fait condamnable de l’électorat français, à l’opposé du vœu de vérité exprimé publiquement par vous sur ce dossier.

2 Votre solution

 

Vous avez aussi affirmé qu’« il n’y a pas d’autre solution que de démanteler ces campements progressivement et de reconduire [ces populations, ndlr] à la frontière », car « les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ».

La solution selon vous serait donc de les « déporter » massivement en déportant le problème et la charge de sa résolution ? Puis, les envoyer dans ces deux pays : pour combien de temps ? N’oublions pas que les Roms ne sont pas juste des « Roumains », ou des « Bulgares », mais un peuple européen
multiforme, pratiquant le nomadisme.

Présenter une telle solution aux Français, c’est les induire en erreur, les leurrer.

Leur vocation est le nomadisme

La vocation des Roms, pour reprendre votre propos, n’est pas de « revenir en tel ou tel pays ». Leur vocation est le nomadisme. Pas une sédentarisation forcée, d’avance vouée à l’échec – voire hautement condamnable – que ce soit en Roumanie, en Bulgarie, ou ailleurs.

Ces populations, ne l’oublions pas, avaient la possibilité de pratiquer une vie itinérante en franchissant les frontières (et elles étaient présentes sur le sol français) bien avant que certains pays de l’Est ne fassent partie de la CE.

Même Nicolae Ceausescu et ses sbires de sinistre mémoire n’ont pas été en mesure de les sédentariser durablement. Comment croire ne fut-ce qu’un moment qu’une fois renvoyés en Roumanie et en Bulgarie, les Roms deviendraient sédentaires et ne retourneraient pas aussitôt en France et ailleurs ?

Comment imaginer que la Roumanie d’après la chute du Mur pourrait et souhaiterait contraindre ces populations à un travail forcé et à une assignation à domicile ?

Un seul nom pour tous les Roms

Rappelons-nous aussi que les Roms s’appellent ainsi depuis peu (depuis le Congrès de l’Union rom internationale, qui s’est tenu à Londres en 1971, et qui a adopté le terme « Rom » pour désigner « toutes les populations du peuple rom »).

Avant, ils s’appelaient tsiganes, gitans, manouches... Un peuple multiculturel donc – sans pays et sans attache, sinon l’attachement au nomadisme, à
l’itinérance. Telles sont les revendications et telle est l’identité des Roms en Europe.

Et les Roms dans leur ensemble, fédérés depuis 1971, ont été entendus par la Commission européenne, pour laquelle dorénavant (je cite) :

« Le terme “Roms” fait référence à divers groupes d’individus qui se décrivent eux-mêmes comme roms, gitans, gens du voyage, manouches, ashkalis, sintis, etc. […]

En Europe, la population rom totalise entre 10 à 12 millions de membres, dont 6 millions au sein de l’UE. Les Roms représentent aujourd’hui la plus importante minorité ethnique de notre continent. La plupart des Roms sont citoyens de l’UE. »

Pourtant, cela fait un certain temps que nos décideurs politiques français, en usant de divers artifices et subterfuges, s’emploient à catégoriser le peuple rom présent sur le territoire français selon des critères d’origine, dans l’unique optique d’externaliser le « problème » afin de ne pas avoir à s’impliquer dans sa résolution.

Triangle tricolore pour nos « Roms de souche »

Pour nous en convaincre, penchons-nous sur un rapport rendu au Sénat par Michel Billout le 6 décembre 2012. Ce rapport est intitulé « L’Intégration des
Roms : un défi pour l’Union européenne et ses Etats membres ». Vous l’avez sans doute parcouru, monsieur le ministre.

D’emblée nous sommes avertis (je cite un extrait du préambule) :

« La question des gens du voyage français, en tant que tels, n’est pas abordée. En effet, même s’il s’agit de l’approche retenue tant par la Conseil de l’Europe que par la Commission européenne [et par les représentants des Roms, ndlr], la confusion ainsi entretenue entre ces deux catégories de populations paraît préjudiciable. […] les Gens du voyage sont, pour la plupart, des nationaux, tandis que les Roms sont, bien souvent, des migrants ; les deux groupes ne partagent pas toujours le même mode de vie, le nomadisme étant principalement l’apanage des gens du voyage. »

Ne préconiserait-t-on pas là, en quelque sorte, d’attribuer :

  • d’un côté, un semblant de triangle tricolore – réservé aux « nomades » français non externalisables, mais ayant été soumis toutefois à l’obligation de produire un carnet de circulation des gens du voyage abrogé fin 2012 car anticonstitutionnel, et un livret de circulation des gens du voyage demeuré obligatoire et toujours en vigueur ;
  • de l’autre côté, l’équivalent d’un triangle marron – réservé aux « migrants », aux expulsables, aux délocalisables… bref, à ceux qui n’auraient pas… quoi ? Le droit du sol pour eux ? L’origine ? Ou, peut-être, plus pragmatiquement, les moyens d’acquérir des caravanes et des voitures leur permettant de pratiquer le nomadisme tel que défini par Michel Billout, bien proche de la gravure d’Epinal ?

L’intégration des Roms présents sur le sol national serait donc, au vu de ce rapport, comme au vu de votre récente déclaration, un défi pour l’Union européenne et ses Etats membres… sauf pour la France, qui n’aurait à traiter qu’avec ses « Roms de souche », monsieur le ministre ?

Encore une fois, « Rom » est un terme désignant un peuple qui ne vient pas juste de Roumanie et de Bulgarie, monsieur le ministre, vous le savez fort bien, vous qui êtes né espagnol, avez grandi à Barcelone, et avez vraisemblablement du entendre parler du « Vacie de Séville », connu comme le plus grand et plus ancien bidonville rom de l’Europe.

Les Roms sont des gens nés en France, en Espagne, en Bulgarie, en Roumanie et dans tant d’autres pays. Souvent plusieurs pays pour la même famille rom, d’ailleurs.

Devrait-on aussi, prochainement, accepter la pratique du « découpage familial », monsieur le ministre, pour mieux renvoyer les Roms au bon « expéditeur » à travers l’Europe ?

Renvoyer les « intouchables » au Pendjab ?

En raisonnant par l’absurde, pourquoi ne pas les envoyer plus loin encore ? Européens depuis près de mille ans déjà, les Roms sont arrivés en Europe en migrant du nord de l’Inde (de la région du Sindh, couvrant une partie de l’actuel Pendjab pakistanais et indien), sans doute pour fuir la société brahmanique qui les rejetait comme « intouchables ».

Devrons-nous nous sentir une forte inclinaison brahmanique, monsieur le ministre, pour tenter de nous réjouir en vous entendant déclarer que les Roms migrants sont une fois encore à ranger dans la catégorie des « intouchables » et des « indésirables » ?

Devrons-nous peut-être, un jour, accepter la proposition de les renvoyer au Pendjab, en foi de leurs origines géographiques et ethniques supposées ?

Ce qui est certain, c’est qu’aucun Etat de droit ne devrait autoriser les Roms présents sur son territoire à briser les lois en vigueur. Et c’est à vous, monsieur le ministre de l’Intérieur, de vous assurer que la loi soit constamment et en tous points connue et respectée par ces populations sur le territoire de la France.

Cela réduirait rapidement et de manière appréciable le clivage manifeste et
croissant entre sédentaires et Roms sur le territoire français.

Vous me portez un réel préjudice au quotidien

Il est aussi un autre problème que je souhaite vous exposer, monsieur le ministre. Je suis française née en Roumanie et je suis totalement intégrée en France, qui est mon seul pays. Je ne suis pas rom, pas plus que la grande majorité des Français d’origine roumaine, ou la très grande majorité de la
population de la Roumanie. En Roumanie, les Roms sont une minorité, comme en France.

En entretenant sciemment, vous aussi, une confusion voulue entre Roms d’un côté, et Roumains et Français d’origine roumaine de l’autre, au point de semer le trouble dans l’esprit des Français, vous me portez un réel préjudice au quotidien.

Tout comme vous portez préjudice à l’ensemble des Roms dont je ne fais pas partie – et qui peuvent prétendre à des solutions adaptées à leur situation, à
leurs souhaits et à leurs aspirations.

Pour paraphraser le rapport au Sénat déjà cité, « la confusion ainsi entretenue entre ces deux catégories de populations paraît préjudiciable ». Et je ne peux que vous tenir coresponsable de cette situation dorénavant.

J’aurais, enfin, deux questions plus personnelles à vous soumettre, monsieur le ministre :

  • expulserez-vous prochainement les Roms d’Espagne présents sur le territoire français, s’ils ne s’intègrent pas ou ne s’adaptent pas très rapidement ?
  • Que ressentirez-vous, vous qui êtes mi-espagnol et mi-suisse, né à Barcelone et naturalisé français à l’âge de 20 ans, si l’on se mettait à confondre sciemment, tant dans la presse que dans les discours des personnalités politiques et des membres du gouvernement, les Espagnols et les Français d’origine espagnole avec les Roms d’Espagne, autrefois appelés gitans ? Réaliserez-vous alors, tout comme moi maintenant, que « la confusion ainsi entretenue entre ces deux catégories de populations paraît préjudiciable », tant dans vos rapports sociaux que professionnels ?

Dans l’attente de vos réponses, je vous prie d’agréer, monsieur le ministre, l’expression de mes salutations les plus sincères.

 

Raluca, Rue 89 le 29/09/2013

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 09:24

SÉCURITÉ – L’ONG Open Society publie ce mercredi son rapport d’enquête et un clip vidéo pour «réveiller la société»…

Ils sont producteurs, artistes, assistantes sociales, animateurs ou étudiants en droit. Dans un clip réalisé par l’ONG Open Society Justice Initiative, ils racontent leur expérience du contrôle d’identité. «Quelque chose qui me restera à vie dans la tête» pour Adil, cinéaste à Lille. «Une humiliation», pour Saïd, responsable associatif et père de quatre enfants. «Une crainte», soulève Youssouf, étudiant en sciences politiques à Lyon.

Tous rapportent un sentiment de discrimination au cours de contrôles de police. Selon les chiffres avancés par l’organisation, «les individus perçus comme “noirs” subissent des contrôles de police à une fréquence six fois plus élevée que ceux dont l’apparence est blanche».

Le récépissé abandonné

«L’idée de ce rapport d’enquête est de réveiller et d’alerter la société. On perçoit ce problème des contrôles au faciès comme marginal. Mais c’est très inquiétant. Seuls ceux qui n’ont jamais été contrôlés ne voient pas le problème», assure Lanna Hollo, de l’ONG Open Society Justice Initiative.

Cette campagne en faveur d’un encadrement plus stricte des contrôles d’identité réalisés par les forces de l’ordre intervient un an après l’abandon des récépissés. Face à la pression des syndicats de police, hostiles à cette mesure, Manuel Valls avait décidé d’enterrer l’idée d’une distribution d’un reçu aux citoyens contrôlés sur la voie publique. Alors même que la lutte contre «les contrôles d’identité au faciès» figurait à l’engagement numéro 30 des promesses du candidat François Hollande.

Retour du matricule?

«C’est très dommage que la hiérarchie policière et l’Intérieur reculent sur cette question. Il faut une prise de conscience sociale sur cette question», poursuit Lanna Hollo qui préconise, en appui des récépissés, un meilleur encadrement juridique des contrôles et palpations de sécurité ainsi qu’un renforcement de la formation des policiers.

Si le récépissé a été enterré, l’idée de munir les patrouilles de caméras fait son chemin. «La mesure est en expérimentation. Les retours sont positifs puisqu’à chaque fois que les policiers déclenchent la caméra, la tension baisse lors du contrôle», détaille Christophe Crépin, du syndicat Unsa-Police.

Enfin, le Code de déontologie des policiers prévoit un retour du matricule, visible sur les uniformes. «A condition, poursuit Christophe Crépin, que ce numéro, pour des raisons de sécurité, soit différent du matricule administratif [qui donne accès à toute la vie du policier, ndr]. Nous voulons aussi que toutes les forces de l’ordre en soient équipées, à savoir également les gendarmes et les douaniers.»

 

 

20 Minutes William Molinié 24/09/2013

 

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10 septembre 2013 2 10 /09 /septembre /2013 11:34

Vol AF 1135 – Berlin Tegel / Paris Charles de Gaulle - Lundi 12 août 2013


Alors que je me dirigeais vers mon siège 21D, j’ai entendu de plus en plus distinctement un homme hurler. Lorsque j’ai été suffisamment près de la queue de l’avion, j’ai vu cet homme noir qui se débattait et, comme l’ensemble des passagers, je l’ai entendu crier : «  I’m not a criminal », « I will die here  ». Il hurlait avec colère. Il n’était pas violent.
Deux policiers l’accompagnaient, gantés de cuir, des mains immenses, blanches et sales. Ils l’empoignaient avec force, l’un dernière lui, l’autre à côté. Ils le baillonnaient de leurs grandes mains. Ils l’étouffaient. L’homme essoufflé, étourdi, cherchait l’air.

 

Je n’ai rien fait. Je suis restée là, paralysée au milieu de l’allée. Je le regardais et je pleurais. J’ai demandé à une hôtesse, elle m’a expliqué : « Vous savez, c’est courant. Vous n’avez jamais entendu parler de ces personnes sans papier qui doivent quitter le territoire ? (…). Mais ce n’est pas normal, il est trop agité pour être sur un vol avec passagers  ». Je ne sais pas si elle me prend pour une imbécile, si elle est imbécile, s’il s’agit du discours règlementaire Air France, imbécile de fait.
Le commandant de bord s’est montré au bout de quinze minutes. Cinique, il annonce aux policiers : « Too noisy, he can’t stay on bord  ».

 

Les larmes apitoient plus que les cris : l’ensemble de l’équipe de cabine est venu me présenter ses excuses pendant le vol. Le confort de ses passagers importe plus que tout à Air France. Le chef de cabine m’a donc demandé de remplir un formulaire de réclamation sur le champs, m’expliquant qu’ils ne cautionnaient pas ce genre de pratique : trop dangereux pour les passagers, consignes de sécurité à peine survolées, éprouvant moralement... Il n’était pas question de la condition de cet homme violenté, malmené, humilié. Ecoeurée, je me suis tout de même exécutée en finissant mon courrier sur ces mots :
« Quelque soit la situation de cet homme, manifestement sans papier, aucun être humain ne mérite un tel traitement. Baillonner un homme avec violence pour le confort des autres passagers est scandaleux, honteux, indigne. Air France participe manisfestement de pratiques barbares, j’en suis profondément choquée.


NB : cet homme a fini par être débarqué avant le décollage. J’espère qu’il est en bonne santé. »

A ce jour, je n’ai pas reçu de réponse.

 

M. 

Article mis en ligne le lundi 9 septembre 2013 sur Mille Babors, link

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29 août 2013 4 29 /08 /août /2013 21:42
Un ancien bénévole de la Croix Rouge, Léopold Jacquens, est jugé ce mardi au Havre pour avoir établi une fausse attestation d’hébergement pour une Congolaise sans-papiers. Le délit de solidarité a pourtant été abrogé en décembre 2012. Entretien avec Jacques Montacié, avocat et secrétaire général de la Ligue des droits de l'homme.
Avez-vous connaissance d’autres cas de bénévoles qui ont eu des ennuis avec la justice ?

On en a moins eu depuis quelques temps. Avec l'abrogation du délit de solidarité en 2012, les choses s'étaient calmées, mais là, ça recommence, on a eu un certain nombre d’affaires.

Le délit de solidarité a été abrogé en décembre 2012. La mise en cause de Léopold Jacquens pour faux et usage de faux, alors qu'il avait établi un certificat d'hébergement pour une femme sans-papiers, est-elle un moyen détourné de le faire revivre ?

C'est effectivement un détournement. Typiquement, avant, un bénévole qui venait, dans le cadre de son investissement, en aide à une personne sans-papiers, soit en lui fournissant un soutien juridique, un hébergement, etc. était soumis au délit de solidarité. Il s'agissait de punir. Aujourd'hui, même si la loi a été abrogée en 2012, vous êtes toujours pénalisé, qu'il s'agisse d'une aide directe ou indirecte. Il y a deux critères : soit vous venez en aide à une personne sans-papiers avec une contrepartie, soit sans contrepartie. Le critère qu'on a défendu, c'est que le principe de contrepartie fonde les réseaux qui font du trafic, avec pour objet de promettre monts et merveilles, par exemple un passage vers l'Angleterre, en échange de sommes d'argent. Nous, nous voulons combattre cela. 

Léopold Jacquens n'est pas visé parce qu'il a aidé une personne en situation irrégulière. On est allé chercher un autre délit. Mais si on poursuivait tous ceux qui font de fausses attestations, on aurait beaucoup de monde dans les tribunaux ! Au final, même si le délit de solidarité a été abrogé, le but reste le même. Nous en appelons au législateur pour dire clairement qu'aider des sans-papiers ne doit pas être passible de poursuites. 

La situation ne s'est-elle pas améliorée avec l'arrivée de la gauche au pouvoir ? 

On ne peut pas dire que rien n'a changé mais il y a beaucoup de déception sur le changement qui était attendu. La circulaire dite de régularisation, intervenue en décembre 2012, a restreint les attentes qu'on pouvait avoir. Elle n'a rien résolu des problèmes de décisions arbitraires, que l'on rencontre dans certaines préfectures. 

Vous estimez donc que les décisions préfectorales de régularisation sont de l'ordre de l'arbitraire ? 

Tant qu'il n'y aura pas un travail de fond pour harmoniser la manière dont on reçoit les personnes à régulariser et les documents qu'on leur demande, on aura toujours un système qui consiste à donner à certains des titres de séjour sur on ne sait quels critères, et pas à d'autres. C'est de l'ordre de l'arbitraire. Les éléments sur lesquels nous basons nos constats sont souvent des aberrations. En tous cas, nous sommes loin d'un système républicain.

 

Les préfectures n'agissent pas en fonction de leur couleur politique. Mais il y a eu beaucoup d'affaires récemment, qui ont un écho particulier parce qu'elles incarnent une politique du passé. On a l'impression que les parquets ont parfois une nostalgie d'une forme de répression. Il faudra voir ce que le tribunal, dans le cas de Léopold Jacquens, répondra. Il n'est pas du tout sûr qu'il sera condamné. Gardons-nous d'affirmer que nous sommes dans un état qui condamne ceux qui viennent en aide aux étrangers. Laissons la porte ouverte aux appréciations du parquet. Malheureusement, au niveau politique, on a toujours tendance à limiter les réformes en ayant peur des conséquences électorales. C'est le reproche que nous faisons au gouvernement. Ce ne serait pas inutile, néanmoins, qu'une circulaire vienne rappeler ce que dit la loi : le délit de soldiarité a été abrogé, et ce serait embêtant de revenir là-dessus.

 

Par KIM HULLOT-GUIOT, Libération du 27/08/2013

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