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Qui Sommes-Nous?

  • : Le blog de Fontenay pour la Diversité
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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 12:22

Récit d’un dimanche de janvier au Tribunal de grande instance de Bobigny, cadre champêtre s’il en est, déglingué, glauque et sale.

Ayant vu à la télé que le RESF avait fait libérer Williana (12 ans) de la zone d’attente d’Orly trois jours auparavant, la tante de Djessy nous prévient par téléphone le jeudi 22 janvier que sa nièce a été arrêtée à sa descente d’avion pour une affaire de passeport bricolé. La mère de l’enfant et une amie sont en garde à vue. On apprend ensuite qu’une seconde fillette est enfermée.

Djessy a 12 ans, Gudelcia 5 ans. Vous avez bien lu. Sous Sarkozy et avec Rama Yade aux Droits de l’Homme, on met sous écrou des enfants de 5 et 12 ans. Elles ne se connaissaient pas. Le hasard de leurs courtes vies chaotiques et compliquées a fait qu’elles se sont retrouvées ce 22 janvier sur un même vol en provenance de Cotonou avec de faux passeports, ville à partir de laquelle des parents ou des amis les avaient mis dans l’avion.

Elles ont pourtant des histoires proches, d’une banalité qui fait honte. Des mères très jeunes, des pères parfois défaillants… ou tués dans la guerre civile congolaise. Fuyant la guerre ou la misère, les jeunes mères émigrent, confiant l’enfant à une parente ou une amie. En France, elles refont leur vie, ont d’autres enfants. Mais n’oublient pas celui resté au pays. Elles envoient de l’argent, reçoivent des photos, passent des coups de fil. Et, dès que possible, demandent le regroupement familial. Une fois, deux fois, trois fois. Des mois de démarches, d’espoir parfois, à chaque fois déçus. La lutte contre l’immigration familiale chère à M. Sarkozy dévaste bien des vies. Les enfants attendent, rêvent, grandissent, les parents se désespèrent puis, peut-être, font en sorte que les enfants aient des papiers, vrais ou faux. Ou ceux qui sont au pays, fatigués, ou trop vieux, ou malades ou morts, qui ne peuvent plus s’occuper des enfants, et ces derniers se retrouvent dans un avion avec un passeport de contrebande. Qu’à l’arrivée, la police française a tôt fait de détecter.

Les adultes qui attendent les enfants sont interpellés. Les enfants enfermés en zone d’attente, une sorte de centre de rétention considéré comme étant en zone internationale. C’est en France, évidemment, les lois ordinaires françaises s’y appliquent (une agression commise en zone internationale serait jugée par qui ? Le Pape ?), la police française y fait régner son ordre. Seules les lois sur la protection des étrangers et des mineurs y sont suspendues. Et donc, on y enferme des enfants, parfois des tout petits. Vive la France ! Vive la République ! C’est ce qui est arrivé à Djessy et à Gudelcia. Prises en charge par la police, elles sont enfermées dans un hôtel, surveillées par des policiers en uniforme et en armes et gardées par une nurse-policière, en uniforme. C’est un sort meilleur que celui de Williana qui à Orly, quatre jours auparavant dormait à l’hôtel mais était enfermée avec les adultes, de 6 heures ou 7 heures du matin jusqu’à 21 heures, dans la salle d’attente qui tient lieu de zone d’attente.

Les mères n’avaient pas vu leur enfant depuis neuf ans pour la grande, trois ans pour la petite. Elles croyaient pouvoir enfin l’embrasser. Elles se sont retrouvées menottées, fouillées au corps, placées en garde à vue. La mère de Gudelcia, enceinte de huit mois et demi est libérée au bout de quelques heures sur intervention d’un médecin. Celle de Djessy est venue avec une amie. 36 heures de garde à vue, leurs domiciles sont perquisitionnés avant leur libération sans poursuites. (...)

Lire la suite sur le Libéblog A l'école des sans-papiers qui n'a jamais été aussi bien nommé !

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