Un petit Angevin de 11 ans vient d’être placé dans un centre d’accueil du Maine-et-Loire. Son père ivoirien a fait l’objet d’une reconduite à la frontière.
« Sa mère est morte et, aujourd’hui, on lui retire son père. Qu’y a-t-il de plus inhumain ? », demande Katia Beudin, du Réseau éducation sans frontières (RESF). Jorice, un petit garçon de 11 ans d’origine ivoirienne, vient d’être placé dans un centre d’accueil du Maine-et-Loire. Déjà, il a perdu sa mère il y a deux ans, quand celle-ci s’est donné la mort. Aujourd’hui, c’est son père qui a été expulsé vers la Côte-d’Ivoire.
RESF s’indigne : « Scolarisé dans la Doutre, à Angers, l’enfant commençait à se reconstruire peu à peu après la disparition de sa mère dans des conditionsdramatiques. Et subitement, le voilà privé de son père ! »
Le papa, Aboubakar, a commis plusieurs délits il y a plusieurs années. Il a été condamné et a purgé ses peines. Depuis la disparition de la mère de son fils, dont il était séparé, il avait souhaité être présentauprès de son enfant. « Il est revenu à Angers pour s’en occuper, a trouvé un logement et un emploi », explique Katia Beudin.
La garde de l’enfant lui a été finalement confiée par les services sociaux. « Ceux qui les connaissent à l’école témoignent que ce papa était là. Il participait aux réunions scolaires, à la fête de l’école... » Aboubakar travaillait dans une entreprise locale et donnait entière satisfaction. Et pourtant, il vient de faire l’objet d’une reconduite à la frontière vers son pays d’origine, la Côte-d’Ivoire.
Pour la préfecture du Maine-et-Loire, le père « a été condamné, pour des faits graves, par deux fois, à une interdiction du territoire français en 2001 et 2006. C’est dans un souci de protection de l’enfant, dont il a reconnu la paternité contre l’avis de sa mère aujourd’hui décédée, que la reconduite à la frontière a été décidée. » La préfecture précise qu’aujourd’hui, Jorice est « parfaitement pris en charge » dans un centre d’accueil spécialisé départemental.
RESF préfère y voir une application « inhumaine » de la loi française. Car le père et l’enfant étaient suivis dans les services sociaux français. « La décence et l’humanité voudraient que lorsqu’un père se reconstruit courageusement et participe à l’éducation de son enfant, déjà durement frappé par la vie, on ne vienne pas enlever à ce gamin le seul parent qui lui reste. La loi aurait dû protéger Aboubakar de toute expulsion ! »
Arnaud WAJDZIK.