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3 septembre 2015 4 03 /09 /septembre /2015 18:14

Un garçon syrien de 3 ans gisant face contre terre sur une plage turque, un policier à ses côtés : le cliché a créé un choc alors que la crise des réfugiés s'aggrave. Une image qu'il est indispensable de diffuser malgré son caractère insoutenable, selon Dimitri Beck, rédacteur en chef de “Polka magazine”.

« Si ces images incroyablement fortes du corps d’un enfant syrien échoué sur une plage ne changent pas l’attitude de l’Europe vis-à-vis des réfugiés, qu’est-ce qu’il faudra de plus ? » C’est la formule (électro)choc choisie par The Independent pour publier mercredi soir la photo de Nilüfer Demir, journaliste pour l’agence locale Dogan News, qui a revendu les photos à Reuters, AP et l'AFP. Sur le sable de Bodrum, éminente station balnéaire turque, Aylan, 3 ans, gît face contre terre, pris dans le ressac. Tout habillé, son petit corps légèrement gonflé comme une poupée de celluloïd. A ses côtés, un policier s’apprête à le soulever comme pour le soustraire à la vue du public.

Trop tard : diffusé lors de la traditionnelle projection nocturne au festival Visa pour l’image à Perpignan, l’insoutenable cliché a déjà provoqué des haut-le-cœur dans le monde entier. Alors que François Hollande vient de convoquer une réunion d’urgence pour évoquer le sort des réfugiés qui tambourinent désespérément aux portes de l’Europe, Dimitri Beck, rédacteur en chef de Polka Magazine (consacré au photojournalisme et créé par Alain Genestar, l'ancien directeur de la rédaction de Paris Match), nous éclaire sur l’impact de cette photo.

Depuis des mois, nous sommes quotidiennement exposés à des photos de migrants affluant sur des embarcations de fortune. Devant cette banalisation iconographique, pourquoi ce cliché revêt-il une importance toute particulière ?

D’abord, tout le monde est outré que l’image n’ait pas été immédiatement reprise dans les médias français. Elle s’est retrouvée à la « une » de tous les grands quotidiens en Europe, mais pas en France, pas tout de suite (même si Le Monde a depuis choisi de la publier, NDLR). Les journalistes se sont regardés entre eux et nos confrères européens nous ont mis face à nos contradictions. Les réseaux sociaux sont eux aussi venus rappeler aux médias traditionnels leurs manquements. La viralité peut nous jouer des tours, mais ici, elle est importante et nous incite à réagir plus rapidement. A la une des quotidiens ou des magazines français, on a vu des cadavres flotter, ce n’est malheureusement pas nouveau. Mais là où cette photo est extrêmement touchante, c’est qu’elle est surréalistiquement inacceptable : comment tolérer qu’un petit de 3 ans soit retrouvé gisant, rejeté par la mer, alors qu’il y a quelques jours encore, on entendait les rires des enfants au bord de l’eau ?

Cette photo peut-elle devenir iconique, et réveiller durablement l’opinion publique ?

On se demande toujours si une photo peut changer le monde. Bien souvent, nous sommes rattrapés par la realpolitik, mais cette fois-ci, elle appelle une réaction politique immédiate. Comme cette photo d’un vietcong abattu d’une balle dans la tempe, l’image de Nilüfer Demir a un potentiel de photo iconique, mais il est trop tôt pour le dire. Elle n’a pas encore été reprise dans la presse américaine, notamment dans le New York Times ou Time, qui ont une grande influence dans la sanctuarisation d’un cliché. Pour s’inscrire dans le temps, il faut que cette photo continue à être portée, qu’elle se grave dans notre mémoire et dans notre histoire. La force de la réaction prouve que les gouvernements européens sont pris à la gorge, que le phénomène s’accélère. Mais on ne peut pas dire qu’on ne savait pas : des photographes comme Olivier Jobard travaillent sur les migrants et les réfugiés depuis 15 ans...

Une chose est sûre : il faut montrer ce cliché. J’ai vu des médias pixeliser le corps de l’enfant alors même qu’il faut se confronter à cette réalité. Ce qui est indigne, ce n’est pas le fait d’y exposer le public, c’est notre réponse face à cette situation. Je note que même les Britanniques, pourtant très conservateurs sur le sujet avec ce qui se passe à Calais, ont décidé de la mettre en « une » des tabloïds : le Daily Mirror a titré « Unbearable », « Insoutenable ».

La présence d’un enfant amplifie-t-elle notre réaction ? Dans l’histoire du photojournalisme, on retrouve d’autres exemples, qu’il s’agisse de cette fillette brûlée au napalm au Viêt-Nam ou de celle d’Omayra Sanchez en Colombie...

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Published by Fontenay - Diversité